KröniK | No-Man - Returning Jesus (2001)


Derrière ce titre énigmatique se cache un album de No-Man, groupe aussi brillant que rare, formé autour du duo Steven Wilson (instruments, production) et Tim Bowness (chant). Mais la présence du leader de Porcupine Tree ne doit pas vous tromper ; nous n'avons pas à faire ici à un clone de son groupe principal. D'ailleurs, si l'homme multiplie depuis toujours les projets, c'est justement pour assouvir sa soif d'expérience et son désir de toucher à tous les genres. En cela, No-Man tient une place bien définie dans sa carrière, différente de celle de Blackfield ou de Bass Communion par exemple. Pour qui connaît les autres travaux du tandem, Returning Jesus devrait les combler, se faisant, les bouleverser comme jamais. Car en effet, rarement, il aura sonner aussi triste et désespéré. Le diaphane "Only Rain" et son saxophone déchirant de beauté, installe d'entrée un climat mélancolique qui touche aussi bien le coeur que l'âme. Ce bijou est du reste très représentatif du style que le duo esquisse délicatement depuis plus d'une décennie maintenant : arrangements discrets mais bien présents, ambiance feutrée et vaporeuse et surtout ce chant émotionnel, fil conducteur de chansons toujours finement ciselée belles à en verser des larmes. 


Bien que sa guitare se fasse parfois entendre nettement (comme sur "Close Your Eyes"), Steven Wilson, avec l'intelligence qu'on lui connait, sait se mettre en retrait par rapport à son compagnon qui éclabousse de sa classe chaque parcelle de la musique à laquelle ils savent tous les deux ensemble donner vie. Comme souvent, No-Man n'hésite pas à faire appel de nombreux invités (parmi lesquels, on retrouve d'ailleurs Colin Edwin, le bassiste de l'Arbre à Porc-épique) pour enrichir sa palette musicale : flute, saxophone, trompette, percussions... En plus des titres déjà mentionnés, citons parmi les perles à savourer seul dans l'obscurité, parfaite bande-son d'une vie en blanc et gris, teintée parfois de noir, l'introspectif "Returning Jesus", suivi de son complément instrumental "Slow It All Down" ou bien encore "Lighthouse". Alors bien sûr, le groupe emprunte un chemin très éloigné du rock progressif et du metal cher à Wilson, bien que la tristesse absolue des atmosphères et le caractère parfois planant des chansons, puissent attirer à elles le public habituel du célèbre musicien. Toutefois, point de distorsion (ou si peu) ou de virtuosité technique affichée dans cette musique profonde et intimiste qui requiert une certaine maturité, un certain regard sur la vie, pour pouvoir être appréciée comme elle le réclame. Les mots manquent pour attraper les sensations, les images qu'évoque  un art dépouillé tout en retenue. (14.05.2007) ⍖⍖⍖

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