Ce n'était qu'une question de temps avant que le méchant death metal, comme son ainé le thrash avec quelques encablures d'avance, ne se fasse charmer par le chant des sirènes de l'ultra technicité. Pourtant le mariage n'avait rien d'évident de la part d'un genre qui se voulait à l'origine la dernière étape sur l'échelle de la brutalité et chez lequel l'urgence, la spontaneité l'avaient jusque là toujours emporté sur la finesse et la richesse instrumentale. Les mètre étalons que sont Scream Bloody Gore de Death ou les premiers vomis d'Autopsy, le démontrent bien. Mais, très vite, des petits malins, parfois ceux-là même qui jadis pataugeaient dans les riffs baveux et basiques, commencent à prouver qu'ils ne sont pas des manchots avec un instrument entre les mimines. Trey Asagtoth avec Morbid Angel, et surtout Chuck Schuldiner, avec son Human, ouvrent la voix vers une musique de plus en plus complexe : le techno-death est né. Atheist, le Pestilence dernière époque, Cynic et Nocturnus sont les explorateurs de ses rivages inconnus. Sans doute moins brillants que ses compagnons, Nocturnus bâtit une bonne part de sa réputation sur la présence dans ses rangs de l'ex-batteur de l'Ange Morbide, Mike Browning.
Signés comme (quasiment) tous les groupes du genre, chez Earache, et produit comme aux fameux Morrisound Studios de Tampa, les Ricains, avec leur second voyage Thresholds, après un The Key déjà remarqué, régurgitent un death metal, certes toujours brutal avec son chant de zombies, mais illuminé par des passages instrumentaux hyper mélodiques et virtuoses ("Aquatica" et ses guitares qui se tirent la bourre), le tout baignant dans un climat spatial envoûtant, à l'image de sa pochette au goût de Guerre des étoiles. Loin de l'approximation revendiqué par les pères fondateurs, la musique mise moins sur la rapidité à tout prix et davantage sur une technicité qui l'entraine fatalement aux confins du metal progressif. De fait, les morceaux voient leur durée s'étirer bien au-delà des 3-4 minutes et gagner en complexité. Les primates de la première heure, ceux qui ne jurent que par les démos crachées à la va vite au fond d'un garage en une nuit, n'apprécieront certainement pas cette évolution. Pourtant, celle-ci prouve que le death metal est un genre plus riche qu'il n'y paraît de prime abord et que les musiciens qui le pratiquent ne sont pas les barbares bas du front que l'on veut nous faire croire. A la décharge de leurs détracteurs, reconnaissons que la plupart des formations ayant tenté l'aventure du techno-death, ont eu une carrière des plus brèves. Après ce Thresholds prometteur car ouvrant des portes qu'il était tentant d'ouvrir, Nocturnus disparaitra, pour refaire surface d'une manière impromptue au début des années 2000, retour vite compromis par un troisième album, The Ethereal Tomb, peu convaincant car resté bloqué dix ans auparavant. (09.05.2007) ⍖⍖
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