Durant la Seconde Guerre mondiale, deux options se présentaient au cinéma américain pour participer à l'effort de guerre : la dénonciation du péril nazi ou japonais et la distraction. Si la première a offert nombre de grandes pellicules, de The Mortal Storm (1940) de Frank Borzage à Chasse à l'homme (1941) de Fritz Lang, la seconde n'a débouché bien souvent que sur d'anodines petites comédies dont le seul but fut d'égayer les troupes mais vraiment pas plus que cela, ce qu'illustre ce Abroad With Two Yanks duquel la guerre, qui fait alors pourtant rage, est totalement absente. Bien que délassant, le film souffre surtout du fait que son réalisateur et ses deux principaux acteurs se révèlent aussi à l'aise avec l'humour qu'une poule avec une brosse à dent ! Les cinéphiles vouent à raison un culte à Allan Dwan, pour ses westerns (Quatre étranges cavaliers) ou ses polars (Deux rouquines dans la bagarre) non pour les comédies, parfois musicales, qu'il n'a manqué d'usiner durant sa longue et pléthorique carrière.
Sale gueule du film noir (L'impasse tragique, Histoire de détective), on n'imagine mal William Bendix roucouler et se battre pour une gonzesse. Quant à Dennis O'Keefe, s'il a certes œuvré dans la comédie à ses débuts, nous préférons toutefois lorsqu'il joue les durs chez Anthony Mann (Marché de brutes). Néanmoins, les deux comédiens s'accordent parfaitement et forment un bon duo, autour de la pétillante Helen Walker. Ce qui ne suffit pas à rendre mémorable ce Abroad With Two Yanks inoffensif et trainant en longueur pour atteindre les 80 minutes, notamment lors d'une dernière partie interminable qui voit pourtant Bendix et O'Keefe se travestir (!) pour un résultat au choix, curieux (et rigolo) ou embarrassant. (23.10.2023) ⍖
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