Très admiré par Jean-Pierre Melville, tourné entre le remarquable Je veux vivre (1958) avec Susan Hayward et la célèbre comédie musicale West Side Story (1961), Le coup de l’escalier représente un des sommets de l’œuvre de Robert Wise et du film noir en général. Comme souvent, son titre français, au demeurant non dénué d’une certaine poésie, est à côté de la plaque, à croire que les distributeurs n’ont visionné que la dernière bobine ! Drapé dans un très beau noir et blanc, Odds Against Tomorrow n’est pas qu’une énième histoire de braquage de banque (évidemment) foireux. Le coup lui-même n’occupe que le dernier tiers du film. Au vrai, il s’agit avant tout du portrait de deux hommes, un noir et un blanc qui, obligés de travailler ensemble, vont finir par se détester et s’entre-tuer. On suit pendant près d’une heure leur chemin respectif, leurs problèmes, les motivations qui en découlent et les poussent à accepter ce casse organisé par un ancien flic.
Le noir, c’est Harry Belafonte (également producteur), convaincant dans la peau du musicien de jazz contraint de réaliser le coup afin de rembourser ses dettes de jeux. Mais la personnalité la plus intéressante car la plus trouble revient à son adversaire, le blanc, campé par un Robert Ryan grandiose en brute raciste, incapable d’aimer sans détruire et l’acteur parvient à rendre presque pathétique. Des deux, il est certainement le plus viscéralement mauvais mais sa complexité évite à cet affrontement un manichéisme qui eut été trop simpliste. C’est le grand rôle du film. Porté par la puissance d’un Robert Ryan constamment au bord de la folie et que Robert Wise avait déjà dirigé dans le tout aussi admirable Nous avons gagné ce soir (1949), embourbé dans de mornes paysages, Le coup de l’escalier bénéficie en outre d’une mise en scène au cordeau, laquelle culmine durant le braquage et le règlement de compte final. Odds Against Tomorrow est écrasé par une atmosphère tragique et fataliste et ce, dès le générique. On sent peu à peu l’étau se refermer sur ces trois personnages. Cette histoire ne peut que mal se terminer. Superbe. (2001) ⍖⍖⍖
Commentaires
Enregistrer un commentaire