KröniK | Tombeaux de fer - L'acier victorieux (2024)


Petit morceau de ferraille long d’à peine un quart d’heure peut-être, L’acier victorieux n’en demeure pas moins indispensable. Il est le premier signal que Tombeaux de fer envoie à notre sonar. Seul aux commandes, Morkhor s’est chargé de tout, selon son habitude, âme solitaire qui semble ne pouvoir s’exprimer que dans l’isolement d’une forêt lugubre (Narbarion) ou dans les entrailles sinistres d’un U-Boot. L’homme a (au moins) deux passions : le black metal et, plus curieux, les sous-marins allemands de la Seconde Guerre mondiale ! En toute logique, il a décidé de les réunir, d’autant plus que l’imagerie à la fois autoritaire et menaçante que trimbalent ces monstres d’acier emprunts d’une majesté métallique, se coule idéalement dans le creuset agressif de l’art noir le plus belliqueux. Si cette thématique prête le flanc à une suspicion d’idéologie suspecte, le maître des lieux se défend toutefois d’une quelconque dimension politique. Seule la puissance de ces machines et leur poésie d’acier lui servent de combustible. 

Il en découle un black metal bouillonnant de haine, qui plonge dans un abîme de blasts mécaniques et de riffs froids et saturés, à coup de torpilles meurtrières. Chacune d’entre elles porte le nom d’un de ces submersibles allemands, sauf la dernière, baptisée ‘Naufrage’, issue instrumentale qui suinte cette triste décrépitude chère au musicien. Le reste ne fait pas de prisonnier (‘U-118’), lame de fer qui emporte tout dans son sillage, propulsée par des vocalises écorchées que ronge une rouille malsaine (‘U-68’). Par sa brutalité radicale et sa fureur viciée, Tombeaux de fer n’est pas sans rappeler le Hate Forest primitif, avec lequel il partage une capacité identique à cracher de glaciales lueurs de beauté noire depuis les arcanes obscures d’un BM implacable dans son âpreté ferrugineuse (‘U-183’). L’acier victorieux passe très vite, trop sans doute pour ne pas donner l’impression d’être une ébauche mais, ces seize minutes de blitzkrieg (presque) ininterrompu suffisent néanmoins à dévoiler une identité atypique au service d’un black metal haineux en un concept dont on espère qu’il donnera lieu à d’autres plongées mortifères... (28.07.2024 | LHN) ⍖⍖⍖

 

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