CinéZone | Henry Levin - Le général invincible (1953)


Le général invincible désigne le septième président des Etats-Unis Andrew Jackson. Toutefois, n’espérez pas apprendre grand-chose de lui avec ce film (très) romancé et hagiographique qui le transforme en héros romantique. En vérité, comme le suggère son titre original, The President’s Lady s’attache avant tout à la vie de son épouse, femme (faussement) adultère pour laquelle il voue une passion qui aurait commandé sa destinée jusqu’à la Maison Blanche dont elle ne profitera malheureusement pas puisqu’elle mourra juste avant son investiture. Ce beau rôle était taillé pour Susan Hayward, femme de tête au charme atypique, face à laquelle Charlton Heston, encore à ses débuts (il a déjà joué dans Sous le plus grand chapiteau du monde mais devra attendre Les dix commandements en 1956 pour devenir une star), paraît engoncé dans la peau de ce héros transi d’amour qui ne lui convient guère. Seuls les moments où il sort de ses gonds et bouillonne de rage révèlent son tempérament d’une virile rudesse. 


Malgré un spectacle agréable, qu’habille avantageusement la photographie en noir et blanc de Leo Tover et le choix de ne pas montrer à l’écran certaines scènes (cf. le duel que nous vivons à travers l’attente de Rachel), Le général invincible n’est pas Vers sa destinée (1939) et Henry Levin n’est pas John Ford, technicien de série B (ce n’est pas un reproche) que Bertrand Tavernier a toujours jugé durement, appréciation sévère d’une carrière qui a quand même donné Voyage au centre de la terre (1959), une poignée de westerns sympathiques (Jicop le proscrit), un Errol Flynn fatigué (L’armure noire) ou bien encore deux Matt Helm. Reconnaissons néanmoins que ce film vierge de toute aspérité et d’émotion donnerait presque raison au cinéaste français si ce n’était son résultat somme toute honnête que sauve la présence de Susan Hayward et de Chartlon Heston, sans lesquels il serait sans doute tombé dans l’oubli. S’il se regarde sans ennui, il n’en reste il est vrai pas grand-chose aujourd’hui… De la première partie de carrière du futur Ben Hur, qui court de 1950 (La main qui venge) à 1956 (Terre sans pardon), mieux vaut s’attarder sur La furie du désir (1952) de King Vidor ou Quand la Marabunta gronde (1954) de Byron Haskin.  (23.12.2023) ⍖⍖


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