CinéZone | Jean de Marguenat - Adémaï au Moyen Âge (1935)

Noël-Noël retrouve le personnage de benêt naïf inventé par Paul Colline (qui en signe scénarios et dialogues) dans Adémaï au Moyen Âge. Alors que Adémaï aviateur (1934) était amusant mais plutôt anodin, son successeur se montre bien plus réussi. Qu’il ait été restauré, contrairement à son aîné d’un an dont la copie est fatiguée, aide il est vrai à sa plus juste appréciation. La réalisation de Jean de Marguenat, qui précédemment avait déjà illustré les mésaventures de ce héros simplet dans deux courts-métrages (Adémaï et la nation armée puis Adémaï Joseph à l’ONM) s’avère plus élaborée que celle de Jean Tarride. Lumière et décors fournissent de belles scènes à l’intérieur du château qu’éclairent des chandeliers dans une ambiance gothique. Surtout, l’humour y est beaucoup plus moderne voire même audacieux pour l’époque car pas franchement moral. 

Ainsi Tiennette, qui vient pourtant d’épouser le brave Adémaï, est ravie que le seigneur anglais use de son droit de cuissage avant de succomber aux charmes d’un valeureux chevalier puis de tirer profit de sa relation avec le connétable de Châteauneuf qu’elle a séduit. En 1935, un tel portrait de femme se révèle quand même peu banal, il convient de le souligner. Michel Simon est étonnant en envahisseur anglais et Noël-Noël joue le pauvre hère malheureux en amour avec ses mimiques habituelles. S'il serait bien sûr exagéré de le considérer comme une grande comédie, Adémaï au Moyen Âge offre une parodie cocasse et plus malicieuse qu’il n’y paraît de la Guerre de cent ans. (02.12.2023) ⍖⍖