CinéZone | Olivier Marchal - 36 quai des Orfèvres (2004)


Accusé de viols, d’agressions sexuelles et plus généralement de se complaire dans le graveleux, il est de bon ton ces derniers temps de clouer au pilori Gérard Depardieu et de hurler avec la meute médiatique. Dans ce contexte, certains n’hésitent d’ailleurs pas à remettre en question son talent, allant jusqu’à écrire au sujet de ses dernières apparitions qu’elles ne sont pas plus mauvaises que d’habitude ! Quoi de mieux alors, pour faire chier les belles âmes, que de se repasser un des nombreux films du monstre (plus si) sacré et de vérifier (ou pas) l’érosion de son talent. S’il est vrai que depuis vingt ans, Depardieu tourne beaucoup (trop) et parfois n’importe quoi, sa carrière en effet déclinante offre encore à le voir dans de (rares) beaux rôles, comme celui qu’il tient dans 36 quai des Orfèvres, flic ripoux fatigué, muré dans sa solitude, qu’il rend finalement plus pathétique que détestable. C’est le grand rôle du film. 


Tourné à l’américaine mais enraciné dans la glaciale et urbanité de la banlieue parisienne la plus déprimante, celui-ci est une œuvre très noire, encrassée par les turpitudes de personnages qui naviguent constamment aux frontières de la légalité. A la traque d’un gang de braqueurs se greffe une seconde intrigue, plus intéressante, orchestrant le duel à mort entre deux policiers autrefois amis et désormais rivaux. Que Olivier Marchal, ancien flic lui-même, fasse preuve de réalisme dans sa description de la police et des rivalités internes qui la travaille, n’étonne pas, contrairement à la maîtrise très sure du langage cinématographique dont il fait déjà preuve alors qu’il ne s’agit que de sa deuxième expérience derrière la caméra après le remarqué Gangsters (2002). Bien qu’inspiré de l’affaire du gang des ripoux, 36 quai des Orfèvres n’échappe ni à certaines facilités (la conclusion) ni à un manichéisme trop appuyé (le gentil flic respecté contre le ripoux méprisé mais défendu par sa hiérarchie). Il n’en demeure pas moins un des mètres-étalon du polar à la française des années 2000 avec un grand Depardieu et un Dussolier tout aussi impeccable. (24.12.2023) ⍖⍖



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