KröniK | Marche Funèbre - After The Storm (2024)


After The Storm, cinquième procession de Marche Funèbre était évidemment très attendue. Parce que les Belges comptent parmi les maîtres d’un doom death dont la sévérité tragique ne l’exonère pas d’une beauté d’airain. Parce qu’avec son prédécesseur Einderlicht, ils ont gravé ni plus moins qu’un des joyaux du genre, illustrant une ascension que rien ne semble pouvoir entamer. Parce que quatre trop longues années séparent ce nouvel opus de son devancier, mettant la patience des doomeux à rude épreuve. Avec au bout du compte une question : le groupe réussira-t-il à faire mieux ou du moins aussi bien que Einderlicht ? La barre était placée tellement haut que les doutes étaient permis. Une première écoute superficielle de After The Storm, dont le titre si peu original n’augurait pas d’une farouche inspiration, semble dans un premier temps confirmer ces relatives craintes. Le doom death forgé par le quintet se révèle toujours aussi beau mais, d’un abord plus lisse, sa puissance douloureuse paraît s’être diluée dans une étendue plus mélodique que de coutume. Mais il y a le chant de Arne Vandenhoeck qui emporte tout. Définitivement. On résume souvent le doom à ses guitares pétrifiées dont la force granitique érige de robustes mausolées et la déchirante beauté, des tertres dramatiques, néanmoins on n’insistera jamais assez sur le rôle tenu dans cet ensemble mélancolique par la voix comme vecteur d’émotions. After The Storm l’illustre admirablement. 


Résultat, brillant de ces lignes vocales bouleversantes, tour à tour charbonneuses ou lumineuses, il finit par révéler ses trésors et s’imposer comme le digne successeur de Einderlicht et ce quand bien même, il ne peut rivaliser avec celui-ci en terme de noirceur funéraire. Que ses atours s’avèrent plus policés sinon accessibles ne saurait donc en faire une déception. Entame magnifique, ‘In A Haze’ ferre d’emblée le pèlerin, alliage racé de guitares minées par une inexorable tristesse et ce chant en clair obscur. Un véritable hymne doom death qui servira de patron dans lequel les cinq pièces suivantes seront elles aussi découpées, non sans varier les accroches. Lui succède ainsi ‘Palace Of Broken Dreams’ aux atours plus pesants, caveau minéral de lignes vocales parfois plus hargneuses. ‘Devoid Of Empathy’ se fait entêtant mais bifurque néanmoins par moments vers une sente presque rock. Malgré une amorce agressive vite effacée, Stranded’, chanson très peu doom et encore moins death ou funèbre, que sabrent des lignes de basse tout en rondeur et qui s’achève sur une notre fragile. Quant à ‘Enter Emptiness’ et ‘After The Storm’, ils témoignent qu’en dépit de traits aussi plombés que granitiques, les mélodies règnent toujours en maître, jamais sacrifiées sur l’autel d’une noirceur funéraire. Marche Funebre a peut-être perdu en noirceur tragique ce qu’il a gagné en puissance émotionnel mais n’en livre pas moins une superbe offrande de doom death dans sa définition la plus atmosphérique. Son guitariste historique, Peter Egberghs, venant de le quitter, il reste à savoir si le groupe parviendra à maintenir une telle réussite...  (31.08.2024) ⍖⍖⍖

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