CinéZone | Maximilian Schell - Double jeu (1975)


A l’instar de beaucoup d’autres comédiens, Maximilian Schell (Jugement à Nuremberg, Topkapi) s’est essayé à la mise en scène. Si on peut lui reconnaître une certaine ambition artistique et le fait qu’il a lui-même signé les scénarios, ses quelques réalisations n’ont pas rencontré un franc succès, à l’exception du Piéton (1973), couronné par un Golden Globe et une nomination aux Oscars. Aussi obscur que bizarre, Double jeu, son troisième essai derrière la caméra, laisse une impression très mitigée. A l’aide de son propre auteur, Friedrich Dürrenmatt, il porte à l’écran le roman "Le juge et son bourreau", thriller embrouillé aux allures de jeu de dupes où tous les protagonistes semblent se manipuler les uns les autres. Une intrigue prometteuse (un vieux flic se venge d’un crime commis quarante ans plus tôt), une distribution brillante mais à l’arrivée un film qui tout du long sonne faux. Forçant le trait, Jon Voigt n’est pas très convaincant, sa relation avec Jacqueline Bisset, pas davantage. Ennio Morricone se parodie lui-même, la motivation des différents personnages n’est pas très claire et la fin s’avère complètement ratée. 


Pourtant, s'il peine à se hisser au niveau d’autres films de manipulation (nous sommes loin du Limier par exemple), Double jeu n’est pas totalement dépourvu de qualités. Le travail fourni par Maximilian Schell est intéressant comme l’illustre son utilisation de la profondeur de champ et certains plans s’incrustent dans la rétine par leur étrangeté, telle que la mort de Gastmann au milieu du grande pièce vide que rejoignent un guépard (?) et une femme en fauteuil roulant dont on devine qu’il s’agit de la femme censée avoir été tuée quarante ans plus tôt. Si Donald Sutherland se contente de jouer les macchabées, Robert Shaw offre une prestation jubilatoire qui n’est pas sans rappeler celle des Pirates du métro qu’il vient alors de tourner. Enfin, si on se demande ce qu’il vient faire là, le réalisateur Martin Ritt étonne dans le rôle du vieux commissaire qui tire les ficelles, qu’il croque d’une manière plutôt savoureuse. Cependant, le fait est que Der Richter Und Sein Henker aurait vraiment pu être un bon film. Ce qu’il n’est qu’à moitié… Etrange à tout le moins. (08.01.2024) ⍖⍖


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