Acteur oublié aujourd’hui qui fut cependant à l’affiche de grands films des années 40 (Casablanca, Pavillon noir, L’emprise), Paul Henreid n’est pas non plus celui auquel on pense en premier parmi les comédiens passés derrière la caméra. S’il a surtout œuvré à la télévision et plus particulièrement pour la série Alfred Hitchcock présente, Henreid a signé quatre films entre 1952 et 1964. Sa carrière comme metteur en scène est certes limitée mais contrairement à la plupart de ses collègues acteurs pour qui l’exercice répondait généralement plus à un caprice de star qu’à de réelles velléités artistiques, il a semblé montrer un intérêt sincère pour la réalisation et la fabrication cinématographique (il fut même producteur). Moins réputé que La mort frappe trois fois (1964) qui demeure son meilleur effort sous cette casquette, A Woman’s Devotion mérite néanmoins une attention certaine. Henreid regretta que le studio, Republic Pictures, n’ait rien compris au film, le charcutant de nombreuses parties parmi les plus essentielles, selon lui. Etiqueté comme film noir, il est vrai qu’il rompt avec les codes du genre.
L’histoire se déroule à Acapulco, sous le soleil et en plein jour le plus souvent, son véritable héros est une femme, qui plus est très éloignée des standards sexy habituels, l’atmosphère est moite d‘un érotisme qu’exsudent ces filles mexicaines, l’action y est rare. Autant d’éléments qui font de cette série B un polar franchement atypique. La présence de Janice Rule n’y est d’ailleurs pas pour rien, actrice pleine de charme bien que dénuée de la sensualité agressive propre aux immuables femmes fatales attachées au genre et dont on regrette que le cinéma ne l’ait pas plus – et mieux - utilisé. Douce mais tenace, elle traduit bien les doutes de son personnage face à son époux (Ralph Meeker) dont elle découvre qu’elle ne le connaît pas si bien que cela, vétéran de la Seconde Guerre mondiale que la police locale soupçonne d’un double meurtre de femmes. Traumatisé par la guerre qui lui a laissé comme séquelles des trous de mémoire et une folie sourde, Stevenson est-il coupable de ce qu’on l’accuse ? Intelligemment, le film ne répond pas à cette question, laissant chacun se faire son propre avis. Cette conclusion ouverte et tragique ne rend pas moins inhabituel A Woman’s Devotion, film noir très rare dont le résultat, bien qu’il n’ait pas satisfait Paul Henreid, présente de belles qualités. (30.01.2024) ⍖⍖
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