Décédé prématurément en 1987 à l’âge de 49 ans, Richard Marquand n’a donc connu qu’une carrière très courte, jonchée néanmoins de quelques films importants dont, bien sûr, Le retour du Jedi (1983) demeure le plus célèbre. Après, il y aura A double tranchant (1985), solide thriller avec Glenn Close et Jeff Bridges. Mais avant, il y eu en 1978 Psychose phase IV (rien à voir avec le classique d’Hitchcock et les séquelles qui suivirent inutilement) et surtout L’arme à l’œil en 1981, dont les qualités, qui ne lui ont pas échappé, incitera George Lucas à confier au cinéaste anglais la réalisation de la suite de L’empire contre-attaque. Eye Of The Needle porte à l’écran le best seller éponyme de Ken Follett, publié trois ans plus tôt. Ceux qui ont dévoré le bouquin seront sans doute (très) légèrement déçus par cette adaptation cinématographique qui ne réussit pas tout à fait à en retranscrire l’implacable suspense qui tient en haleine jusqu’à la dernière page. L’arme à l’œil n’en reste pas moins fidèle au roman, course contre la montre pour stopper un espion qui menace de révéler aux Allemands la préparation du débarquement en Normandie qui se scinde en deux parties.
La première se concentre avant tout sur cet espion surnommé « L’aiguille » parce qu’il tue à l’aide d’un stylet. Remarquable, Donald Sutherland prête sa séduction bizarre à cet assassin glacial dont quelques scènes suffisent à révéler le détachement cruel, tout entier investi par un macabre patriotisme. Traqué, il échoue sur une île désolée battue par la tempête où vivent reclus un couple et leur petit garçon, point de départ de la seconde partie qui joue habilement sur la vulnérabilité de cet homme devenu handicapé et de sa femme face à ce tueur imperturbable et tenace. Le film dévie alors vers le thriller passionnel au pouls sexuel évident. David n’a pas seulement perdu ses jambes mais sa virilité tandis que l’instruction de Faber réveille les désirs inavouables de Lucy dans les bras duquel elle finit par s’abandonner d’une façon qui peut sembler immorale. Puis, découvrant l’identité et les desseins de son amant, elle devra l’affronter seule lors d’un final dont la tension mortelle répond au déchaînement orgasmique des éléments. Kate Nelligan exprime non sans justesse la solitude et les pulsions coupables de cette femme, se hissant au niveau d’un Sutherland dont l’aura magnétique est telle qu’on finit, sinon par s’attacher à cet espion lui aussi solitaire, au moins à espérer qu’il triomphe de sa mission. (02.01.2024) ⍖⍖⍖
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