A partir de la seconde moitié des années 80, alors que nombre de cinéastes italiens se tournent vers la télé (Lamberto Bava) ou le porno (Joe d’Amato), Antonio Margheriti n’a jamais déserté le cinéma de genre dont il fut un des artisans les plus emblématiques de la péninsule. Ce qui est tout son honneur mais ne saurait suffire à pardonner la nullité de ses dernières réalisations, mauvais films (Tiger Joe, Le temple du dieu soleil) ou purs nanars (Yor, le chasseur du futur), ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Alien, la créature des abysses appartient à la seconde catégorie. Comme son titre le laisse deviner, il pompe évidemment chez Ridley Scott (Alien) sa créature extraterrestre et chez James Cameron (Abyss) sa terreur aquatique. Sauf qu’il faut quasiment patienter jusqu’au dernier tiers de la bobine pour voir surgir la bestiole en question (en fait, une grosse pince de crabe en plastique). Ce qui, au vu de la médiocrité des effets spéciaux, n’est sans doute pas plus mal ! Las, il n’y a malheureusement pas que les trucages et les décors qui soient nazes dans ce Alien Degli Abissi de surcroît interprété de façon calamiteuse, même – et surtout – par Charles Napier qui a trimbalé sa mâchoire carnassière chez Russ Meyer (Supervixens), Jonathan Demme (Meurtre en cascade), Rambo 2 et des séries Z rigolotes (L’invasion des cocons).
A leur décharge, les acteurs (dont Luciano Pigozzi, un familier du bis rital) ne sont aidés ni par des dialogues ridicules ni par un doublage français digne d’un mauvais porno. Les coquins qui espèrent voir Marina Guilia Cavalli à poil en seront aussi pour leurs frais. En écolo aux prises avec de vilains pollueurs, elle a malgré tout plus de charme que Sandrine Rousseau. Et elle débite moins de conneries ! Plus proche du film d’aventures exotiques aux vagues préoccupations environnementales que de la SF horrifique promise par son titre, ce tardif rejeton du cinéma de genre européen confirme que Antonio Margheriti a perdu depuis longtemps son savoir-faire, par manque de moyens peut-être. Ainsi, on cherchera en vain dans ce Alien la plus petite trace du réalisateur de tant de classiques de l’épouvante gothique (La vierge de Nuremberg, Danse macabre, La sorcière sanglante, Les diablesses) ou de la science-fiction habilement bricolée (la tétralogie Gamma Un)… (20.03.2024) ⍖
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