CinéZone | John Lemont - Konga (1961)


Nombreux sont ceux qui ne verront en Konga qu’un nanar ringard, sous King Kong à l’anglaise avec un type déguisé en gorille. Pourtant, il y aura toujours plus de poésie dans ces effets spéciaux joyeusement bricolés et ce singe échappé d’une boutique de farces et attrapes que dans tous les machins à gros budget d’aujourd’hui ou dans la filmographie complète de Luc Besson ! S’il ne reproduit pas la réussite du Crime au musée des horreurs (1959) de Arthur Crabtree, avec lequel il partage scénaristes (Herman Cohen et Aben Kandel), directeur de la photo (Desmond Dickinson) et un Michael Gough inquiétant, Konga n’est pas sans distiller un petit charme, tirant avant toute chose son intérêt de son personnage de docteur fou, franchement antipathique  dans son rapport aux autres et aux femmes en particulier, qu’il n’hésite pas manipuler ou à tenter de violer. Bien que son absence d’humanité le rapproche d’un Frankenstein lui aussi tout entier possédé par ses recherches qui confine à une forme de quête démiurgique, Charles Decker ne semble mû que par la haine et la vengeance, faisant de sa créature son bras meurtrier. 


Là où Peter Cushing enrobait son interprétation du baron d’un certain charme, froid et élégant, celle de Michael Gough, ombrageux et brutal, au contraire ne suscite aucune empathie dans la peau de ce docteur intégralement mauvais. La mise en scène du modeste John Lemont, auteur d’une poignée de petits films dont Chantage à Soho avec Donald Pleasence ou L’enquête mystérieuse avec un Sean Connery pré James Bond, est fonctionnel, le rythme bavard et les effets spéciaux prêtent à sourire (ces plantes carnivores dont certaines ressemblent à des phallus, les poupées qui remplacent de façon trop évidente les acteurs que serre la patte du singe). Pourtant dans sa dernière partie lorsque le gorille devenu géant terrorise un Londres en maquettes, Konga se pare néanmoins, quoiqu’en mode mineur évidemment, d’une magie certaine tandis que l’image finale du cadavre de la créature, redevenue un petit chimpanzé, n’est pas dénuée de tristesse. (06.03.2024) ⍖⍖



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