Un film des frères Taviani avec Marcello Mastroianni, projeté au festival de Cannes et encensé par la critique peut être mauvais. Ou du moins pas très bon. C’est le cas de Allonsanfàn, farce historique aussi confuse que les motivations de son personnage principal, aristocrate lombard devenu révolutionnaire dans l’Italie de la Restauration, période elle-même chaotique sur laquelle on n’apprend finalement rien. Les aventures de ce type qui hésite tout du long entre sa famille et la Révolution, constamment surveillé par ses anciens compagnons qu’il finit d’ailleurs par trahir, aurait pu être amusante. Las le scénario, prétentieux, se réduit en une succession ennuyeuse de scènes incompréhensibles et dont on peine parfois à saisir l’utilité. Tout aussi bizarrement, le film se déporte dans sa seconde partie vers le jeune Allonsanfan qui en devient le véritable héros.
Sous le vernis de belles images et le charme dénudé de Léa Massari et de Mimsy Farmer qu’on surprend en train de lécher une glace de façon pour le moins équivoque et bercé par la musique envoûtante d’Ennio Morricone (dont un morceau sera utilisé par Quentin Tarantino dans son Inglorious Basterds), ce drame louchant sur un burlesque absurde déçoit dans un style qui rappelle un peu La nuit de Varennes que Ettore Scola réalisera en 1982, l’inspiration en moins. Les admirateurs de Mastroianni et des auteurs de Padre Padrone ou Good Morning Babilonia ou plus généralement du cinéma italien le plus respecté ne partageront sans doute pas cet avis négatif mais il n’en demeure pas moins que les évidentes qualités plastiques de Allonsanfàn, associées à une certaine ampleur et une atmosphère étrange, ne peuvent colmater un résultat décousu dont on se désintéresse bien vite. (03.04.2024) ⍖
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