KröniK | Nekus - Death Apophenia (2024)


Death Apophenia n’est pas un album tellement agréable à pénétrer, panse caverneuse grouillante d’un death doom dans ce qu’il a de plus abominable. Mais cela, nous l’avions deviné avant de même de glisser la bestiole dans la fente, car ni Sentient Ruins Laboratories, son label, ni Nekus, son géniteur, n’incarnent vraiment la promesse d’une écoute confortable. En effet, ce groupuscule allemand, que hantent des musiciens dont l’identité gommée, effacée, participe d’une forme de négation, fait partie de ces mineurs de fond qui semblent n’avoir d’autre but que de repousser les limites d’une noirceur abyssale, de forer toujours plus profondément dans les replis monstrueux d’une intimité ténébreuse, sans jamais ne faire aucune concession à la moindre petite trace de beauté sinon de lumière. Borborygmes lointains, guitares et basses cryptiques accordées plus bas que terre et batterie croûteuse néanmoins capable de furieuses éruptions, sont à l’unisson d’un maelström cadavérique aux allures de trou noir suçant tout souffle de vie. Tout du long, l’ambiance se veut viciée, suffocante, polluée, charriant une bile charbonneuse qui encrasse les parois de ce baquet grumeleux et cyclopéen que couvrent les fantômes des Winter, Disembowlement et autre Abrutpum. 


Bref, Death Apophenia pousse les portes des enfers, s’enfonce dans les boyaux fétides jusqu’aux entrailles au fond desquelles macère le mal absolu. Certes rétrograde et radical dans son expression d’un death reptilien, Nekus ne s’enferre pourtant jamais totalement dans un monolithisme inexorable qu’il brise, ici par des roulements de tom tentaculaires (‘Accursed Murmur’, probablement la saillie la plus accessible, toute proportion gardée évidemment), là par de brutales éjaculations de pus (‘Noxious Furor’). Ce qui, loin de le vidanger de son stupre corrompu, contribue au contraire à plonger "Death Apophenia" dans un puits halluciné. Et quand le groupe serre plus encore le frein à main, il écarte alors des lèvres infernales, tricotant au bord d’un gouffre sans fin des instants de mort, témoin ce ‘Unutterable Prophecies’ qui gronde d’une force aussi souterraine que bestiale. Monstrueux dans sa noirceur rampante, Nekus illustre avec ce deuxième méfait aux allures de méphitique bathyscaphe raclant les abymes des fosses Mariannes, que le death doom compte bien parmi les musiques (?) les plus evil, les plus effrayantes jamais enfantées, ultime étape avant que l’homme ne se transforme en créature inhumaine. Faire plus noir que cet album d’une froide brutalité dont ne on sort indemne de la défloration engourdie, paraît difficilement concevable, tripes labyrinthiques imbibées de mort. (17.11.2024 | LHN) ⍖⍖⍖

 

Commentaires

Random posts

En vrac

Plus d'éléments

Goddess

Accueil