L’aventure c’est l’aventure fait partie de ces films dont les bons souvenirs qu’ils laissent ne supportent finalement pas un nouveau visionnage longtemps après qu’on les ait découverts. Décousue et embarrassée par de fâcheuses ruptures de rythme, c’est une comédie au mieux foutraque, au pire en roue libre à l’image de toute l’équipe qu’elle embarque, aussi bien devant que derrière la caméra. La (bonne) idée de plonger des escrocs un peu foireux, mus uniquement par l’odeur du pognon frais, dans le contexte politico contestataire du début des années 70 qui leur inspire des enlèvements contre de juteuses rançons, n’aboutit au bout du compte qu’à une succession de scènes certes jubilatoires mais pas toujours très bien ficelées entre elles. Ne boudons toutefois pas notre plaisir face à ce délire burlesque, joyeusement cynique et si peu politiquement correct car les grands moments ne manquent pas en effet : la mythique drague sur la plage qui voit tous les acteurs imiter Aldo la classe, le rêve de ce même Aldo qui, devenu son patron, se venge de Lino Ventura en un plan séquence remarquable, Jacques Brel qui force sur l’accent belge lors du détournement du Boeing, Johnny Halliday dans son propre rôle...
Dans la peau de ces pieds nickelés qui préfèrent Groucho à Karl Marx (on les comprend), les cinq comédiens s’amusent et nous amusent, au premier rang desquels s’imposent Charles Denner et Aldo Maccionnne pour la meilleure performance de sa carrière. Quant à Lino Ventura, il revisite le registre comique des Tontons flingueurs et autre Ne nous fâchons pas mais d’une manière volontairement moins sympathique. On rêve d’ailleurs de ce qu’un Georges Lautner aurait fait d’un tel sujet car nonobstant sa mise en scène aux cadres extrêmement travaillés, Claude Lelouch paraît trop se contenter de suivre sa bande d’acteurs qui se marrent dans un ensemble plus ou moins improvisé. De là un mélange parfois maladroit entre décontraction du scénario (?) autant que du casting d’un côté et rigueur technique de l’autre. Mais c’est ce qui fait le charme bordélique de L’aventure c’est l’aventure et le film le plus jouissif de son auteur. (04.06.2024) ⍖⍖
Commentaires
Enregistrer un commentaire