Bien que récompensé par le festival d’Avoriaz en 1978, L’ange et la femme n’est pas réellement un film fantastique, à moins de considérer comme tel certains travaux de Luis Bunuel. Il s’agit donc plutôt d’une fable surréaliste à l’ambiance poétique funèbre et glaciale où une femme est retrouvée morte, criblée de balles, par un homme solitaire dans lequel s’est réincarné l’ange Gabriel. Après lui avoir redonné la vie, il l’initie à la musique et à l’amour en de longs jeux érotiques. Peu à peu, en même qu’elle reprend goût à vivre, elle recolle les morceaux de son passé jusqu’à déterrer les circonstances de sa mort. Contre l’avis de son ange, elle décide d’affronter à nouveau ses meurtriers. Cyclique, l’histoire se répète mais cette fois-ci, Gabriel ne sera plus là pour la ressusciter.
Une atmosphère irréelle que nourrissent autant la beauté de Carole Laure, sensuelle et mystérieuse, une musique stridente que le dénuement sinistre de ces paysages canadiens figés par un noir et blanc neigeux, drape tel un linceul ce beau récit que d’aucuns jugeront hermétique sinon nébuleux mais qui envoûte et fascine par son minimalisme mortuaire. Condamné par la censure pour une scène de fellation pourtant plus devinée qu’étalée et que justifie l’exploration érotique à laquelle se livre ce couple empreint d’un mysticisme funèbre, L’ange et la femme a connu une diffusion confidentielle qui a contribué à façonner sa réputation d’œuvre difficile à bien des égards. Beaucoup seront très certainement déçus par ce film au rythme lent, presque désincarné mais qui finit pourtant peu à peu par infuser son charme étrange et brumeux. (20.05.2024) ⍖⍖
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