Succès surprise aux Etats-Unis et au Marché du film qui incitera la société de production New World Pictures (fondée par Roger Corman) à en usiner deux suites entre 1985 et 1988, Angel jouit d’une réputation flatteuse et presque culte chez les nostalgiques de la VHS qui semble pourtant bien injustifiée. Entre thriller et slasher à la mode, le film prend pour héroïne une jeune fille qui, comme la présente l’accroche publicitaire de l’époque de façon aussi vulgaire que racoleuse, est (bonne) élève le jour et (bonne) p... la nuit. Ainsi, après avoir fait sa connaissance au lycée où, (faussement) sage, elle refuse les avances du binoclard ringard de service, nous retrouvons Molly / Angel arpenter les trottoirs d’Hollywood Boulevard. Formant une petite communauté pittoresque, elle y est heureuse. Mais un maniaque sévit dans le quartier, qui zigouille les putains et laisse en échec la police. Lorsqu’une de ses copines de bitume est assassinée, elle décide de mener l’enquête. Attachant dans son portrait d’une adolescente obligée de faire le tapin pour vivre, Angel échoue en revanche comme thriller, le pouls angoissant désespérément plat. Embarrassé par des personnages agaçants (le travelo) campés par des acteurs qui le sont tout autant (Susan Tyrrell peu habituée de toute façon à faire dans la demi mesure), le film hésite trop entre comédie et suspense et finit par lasser, vierge de toute tension.
Si on lui sied gré de ne pas sombrer dans le putassier crapoteux, Robert Vincent O’Neil (The Psycho Lover) ne parvient jamais à faire suinter l’atmosphère malsaine promise par les exécutions punitives de son tueur sexuellement refoulé, la faute notamment à un John Diehl, solide comédien au demeurant mais dénué de ce stupre malaisant qui poissait par exemple le physique trouble du fiévreux (et pourtant bien plus limité) Eugene M. Davis dans Le justicier de minuit (1983) de Jack Lee Thompson. Bref on espérait mieux et plus glauque de la part de l’auteur du violent Vice Squad (avec l’immense Wings Hauser) que cette morne bobine dont il ne faut attendre ni l’âpreté sordide de Moi, Christiane F., 13 ans drogué, prostituée (1981) ni la noirceur malsaine du Cruising de William Friedkin ou de L’ange de la violence d’Abel Ferrara (dans un registre bien différent par ailleurs). Outre la vue de quelques tétons, seules l’opposition entre le monde bourgeois du lycée que ronge un conformisme hypocrite et celui de la nuit, chaleureux et sincère, ainsi que le personnage attachant de Molly (jouée de manière convaincante par Donna Wilkes pourtant alors âgée de 23 ans !) retiennent l’attention mais ne suffisent pas à faire de Angel l’objet culte que certains croient voir en lui. Sympathique mais très mineur. (28.05.2024) ⍖
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