KröniK | The Bottle Doom Lazy Band - Clan Of The Alphane Moon (2024)


C’est avec un sentiment mitigé que nous accueillons cette (seulement) troisième bûche de The Bottle Doom Lazy Band car la joie de voir celui-ci enfin de retour après quasiment dix ans de silence discographique est évidemment assombrie par l’annonce de sa mise en sommeil pour une durée indéterminée. Album miraculeux que nous n’attendions presque plus, Clans Of The Alphane Moon sera donc peut-être le dernier de ce groupe aussi rare que culte (ceci expliquant aussi cela) qui est un peu au doom ce que Philippe Druillet est à la bande dessinée. On peut le regretter mais outre le fait que les Parisiens ont de toutes façons toujours semblé prendre leur carrière avec un certain détachement, voire une forme de dilettantisme (qui ne signifie pas qu’ils l’aient abordée sans sérieux), le plus important réside en vérité dans l’existence même de cette tardive troisième rondelle qui s’inscrit dans la droite lignée de ses devancières, tant pour le style que pour la qualité. Mieux, réussissant le syncrétisme parfait entre le doom rugueux de Blood For The Bloodking (2008) et les effluves psychédéliques de Lost n’ Drunk (2015), reconnaissons que Clans Of The Alphane Moon, s’il doit effectivement conclure la discographie de ses créateurs, est le disque idéal pour cela. Pour autant et quand bien même TBDLB a soigné son enrobage aussi bien sonore que visuel, l’œuvre n’est pas tellement facile à déflorer. 


De part sa durée pantagruélique (70 minutes, c’est long même quand on aime). De part ce doom toujours aussi personnel surtout, lequel ne plaira guère qu’aux puristes du genre. Ainsi, la grosse patte velue du groupe demeure reconnaissable entre mille, ses riffs bourrus, sa croute monolithique et bien sûr le chant déclamatoire de Bottle Ben qui en fera fuir certains mais reste indissociable de l’identité du quintet. Elaboré comme une sorte de concept-album biberonné à la SF des années 60/70, c’est peu dire que Clans Of The Alphane Moon se mérite, procession agonisante qui avance, plus qu’elle ne progresse, à la vitesse d’un escargot shooté au valium par boîte de 12. Mais c’est du doom, chimiquement pur, sans artifice ni affèterie, rustre et pachydermique, en dépit de quelques timides accélérations néanmoins vite avortées (l’immense ‘The Technosorcerer’) ou autres échappées fuzzy (‘Flames Of Sagittarius’). Pis, le terminal et bien nommé ‘The Dying Earth’ pousse plus encore l’écoute dans un puits sans fond lors d’une seconde moitié abyssale que tricotent des musiciens au bord de la rupture, comme s’ils savaient que ce titre n’était pas que le point final du disque mais aussi de leur carrière. Cet opus doit être pris pour ce qu’il est, un monolithe cyclopéen dressé dans la nuit, à l’intérieur duquel gronde un doom sans concession, démesuré et théâtral. Si The Bottle Doom Lazy band doit s’éteindre avec cet album, il aurait pu trouver bien pire comme épitaphe… (16.12.2024 | LHN) ⍖⍖⍖

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