KröniK | Peccatum - Lost In Reverie (2004)


Peccatum, c'est avant tout une histoire de famille, celle de Ihsahn, légendaire maître à penser de Emperor, ici accompagné de sa femme, Ihriel et de son beau-frère, PZ. Projet annexe dans un premier temps, monté par le multi-instrumentiste afin d'emprunter des voies musicales que son groupe de black metal ne lui permettait pas d'explorer, le split du grand Emperor a depuis changé la donne, faisant désormais de Peccatum le  principal port d'attache de son géniteur. Mais, au regard des premiers essais, cette montée en grade n'était pas pour nous emballer plus que ça. Chanteur quelconque et auteur peu inspiré, PZ semblait alors étouffer le groupe, au détriment de la créativité de Ihsahn. Sauf qu'aujourd'hui, ce dernier a repris fermement la barre, confinant son beau-frère au rang d'accessoire et recentrant par la même occasion le projet autour du couple qu'il forme avec Ihriel. Bien lui en a pris, car c'est un Peccatum transfiguré qui s'offre dorénavant à nous. Le musicien a mis de côté les froides (et parfois vaines) expérimentations orchestrales, dont il reste toutefois des bribes éparses (sur "Stillness" entre autres) pour se fondre dans l'ombre du Ulver dernière période. 


Pour faire simple, Lost In Reverie est plus proche d'Arcturus que de la musique classique contemporaine. Garm, qui illumine le superbe "In The Bodiless Heart" de son chant tragique, hante d'ailleurs l'ensemble du disque. Alors bien sûr, on ne parle pas ici de black metal, ce que les inconditionnels du personnage, ne pourront que regretter, bien que certains passages, comme sur "Black Star" notamment, pourraient aisément se glisser sur un album d'Emperor. Pour autant, les chansons façonnées par le couple s'avèrent des plus intéressantes. Glaciales, mélancoliques toujours, complexes parfois, elles s'apparentent toutes à de véritables pièces d'orfèvrerie, parcourues de multiples ambiances, révélant un travail de composition et d'arrangements hallucinants. Mais, contrairement à ce que peuvent bricoler Winds ou Age Of Silence, par exemple qui arpentent un créneau assez proche, l'émotion n'est jamais bâillonnée par ce foisonnement créatif et par les strates sonores sur lesquelles les morceaux sont forgés. Le chant éthéré et parfois fantomatique de Ihriel est sans doute pour beaucoup dans ce juste équilibre. Lost In Reverie s'impose de fait comme le digne successeur de Prometheus, l'ultime assaut enfanté par Emperor, certes dans un genre différent, mais détenteur d'une qualité d'écriture similaire. Porté par un chant féminin, il pourra certainement plaire à un autre public que celui qui suit d'habitude les travaux d'Ihsahn, à condition toutefois qu'il n'ait pas peur de s'enfoncer dans une œuvre en noir et gris, qu'aucune chaleur ne vient jamais réchauffer. (26.02.2007) ⍖⍖⍖

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