Après une dizaine d’années d’inactivité, Riccardo Freda revient au cinéma en 1981 pour un dernier film. S’il s’inscrit dans la veine giallesque de certains de ses travaux précédents tels que Liz et Helen (1969) ou L’iguane à la langue de feu (1971) quoique dans un registre plus horrifique, Angoisse ne peut cependant soutenir la comparaison avec ces deux mètres étalons de l’épouvante gothique que sont L’effroyable secret du docteur Hitchcock (1962) et Le spectre du professeur Hitchcock (1963) pour lesquels les cinéphiles vouent un culte au cinéaste. Pour autant, outre le fait qu’il témoigne de l’inoxydable passion de son auteur pour le cinéma, Follia Omicida reste largement supérieur au tout venant du bis italien de la même époque. Devant composer avec un manque de moyens flagrant et des comédiens au jeu limité (souvent à poil, Laura Gemsser ne semble par exemple être là que pour une racoleuse caution érotique), Freda compense ces lacunes en soignant la beauté visuelle de son film. Eclairage extrêmement travaillé et recours à la profondeur de champ enduisent les décors uniques de cette vaste demeure aux allures gothiques d’une dimension picturale évidente (on pense par moment à Dali). La musique aux accents baroques voire électroniques témoigne également chez le réalisateur d’une volonté de soigner l’aspect artistique de Murder Obsession.
Si son intrigue qui couple les ressorts habituels du giallo (recherche de l’identité du tueur et fétichisme du cuir) à un occultisme de foire ne dispense guère de surprises, le métrage trempe en revanche dans une atmosphère incestueuse pour le moins dérangeante, particulièrement lorsque Glenda (Anita Strindberg) semble prête à faire l’amour avec son fils qu’elle embrasse d’une manière assez peu maternelle. Malgré ce climat sexuel malsain, l’érotisme exacerbé de certaines séquences, au demeurant aguichantes, ne s’imposait pas et parait n’être là que pour sacrifier à la mode corsée du moment et satisfaire le vicelard. Ses indéniables qualités plastiques associées à une dernière partie aussi trippante que paroxysmique font de ce testament du maître italien un film qui mérite mieux que sa médiocre réputation, œuvre très sous-estimée certes maladroite mais qui porte la marque d’un grand et vrai cinéaste. (30.06.2024) ⍖⍖
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