Electric Wizard - Black Magic Rituals & Perversions Vol. 1 (2024)

Plus le temps passe et plus Electric Wizard se montre paresseux. Et doublement. D’une part car qu’il n’a rien enfanté de nouveau depuis 2017 et Wizard Bloody Wizard dont le prédécesseur, Time To Die venait lui-même quatre ans après Black Masses. On a donc connu Jus Oborn, son fondateur et dernier membre historique, plus fertile, surtout durant l’âge d’or du groupe, soit la période bénie et préférée des fans qui couvre les années 1994 à 2002. D’autre part, et cela est plus préoccupant, parce que son inspiration tend peu à peu à se tarir, enfermée dans un style qui ronronne et ne suscite plus guère de surprise ni d’excitation particulière. Non pas que Wizard Bloody Wizard fut un mauvais disque, bien au contraire, cependant il n’apportait rien de neuf par rapport à ses aînés, comme si ses auteurs se contentaient désormais de recycler une formule séduisante quoiqu’éprouvée. Ce qui finalement donne raison à ceux – dont votre serviteur – qui estiment que Electric Wizard s’est éteint avec le départ de la paire Mark Greening (batterie) / Tim Bagshaw (basse) en 2003. Que le dernier grand disque forgé par les Anglais soit Time To Die, qui marquait le retour malheureusement éphémère du batteur, le confirme d’ailleurs. Cérémonie capturée en 2020, Black Magic Rituals & Perversions Vol. 1 illustre encore davantage cette situation. 


Ainsi, à rebours de nombreux autres musiciens qui ont profité de la pandémie pour composer, Electric Wizard n’a pas fait grand-chose de son temps libre sinon s’enregistrer en répétitions. Bref, après sept ans d’abstinence, nous étions en droit d’espérer un peu plus de la part du groupe que ce live en deux parties (la seconde ne devrait pas tarder). Or contre attente et outre le fait qu’il possède toujours un goût exquis pour les pochettes accouplant érotisme et épouvante, le quatuor surprend agréablement avec ce best of déguisé. Car en choisissant de graver un live à la maison, dans des conditions rudimentaires, sans public et avec un simple magnétophone, il renoue avec cette force noire et sale qui caractérisait autrefois son art (particulièrement sur Let Us Prey, golem sonore ferrugineux) que l’arrivée de la guitariste américaine Liz Buckingham à partir de We Live a contribué à gommer. Baignant dans cette atmosphère de cave héritée des films d’horreur anglais des années 1960 et 1970, les morceaux interprétés dégagent une spontanéité obscure, étirés parfois jusqu’à la rupture (‘Scorpio’s Curse’), noyés sous les effets,  encrassés par les larsens sauvages. Tous les titres sont des classiques du répertoire des Anglais et ne révèlent aucune surprise mais dans ce contexte de messe cryptique, ils se parent d’un éclat visqueux qu’on ne leur (re)connaissait plus (‘Incense For The Damned’), quand ils ne sonnent carrément pas plus méchant que dans leur version d’origine (‘Funeralopolis’). Pour autant, s’il nous rassure, Black Rituals & Perversions pose en définitive plus de questions qu’il n’en résout. Quand est-ce que Jus Born se décidera à enfanter un nouvel album ? Est-il encore capable de sortir de sa zone de confort ? Nous l’ignorons toujours. Ce n’est toutefois pas une raison pour bouder notre plaisir face à ce faux bootleg qui dénude un Electric Wizard tel qu’il aurait toujours dû rester, vicieux et brut de décoffrage. (11.01.2025 | MW) ⍖⍖

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