Nonobstant un incontestable savoir-faire, le fait est que Jerry Hopper doit beaucoup de sa notoriété, aussi modeste que sympathique, aux acteurs qu’il a eu la chance de diriger. Sans Charlton Heston, que resterait-il en effet aujourd’hui du Triomphe de Buffalo Bill (1953), du Secret des Incas (1954) et de La guerre privée du major Benson (1955) ? Sans le couple maudit formé par Sterling Hayden et Gloria Grahame, Alibi meurtrier (1954), au demeurant son meilleur film, aurait-il eu la même puissance ? De même, sans Robert Ryan, Alaska Seas aurait-t-il le même intérêt ? Il est permis d’en douter. Ce remake des Gars du large (1938) de Henry Hathaway avec George Raft et Henry Fonda est l’exemple de ces séries B des années 50 dont le petit charme ne les exonère pas d’une paresse certaine. Le monde des pécheurs de saumon et le cadre polaire fourni par l’Alaska n’inspirent au réalisateur qu’un travail fonctionnel dénué d’idées tant visuelle que cinématographique.
L’histoire basée sur un triangle amoureux pour le moins consommé est tellement classique que l’on devine sans peine son issue. Sur fond de lutte entre pécheurs, deux amis, dont l’un est de retour après un séjour derrière les barreaux, finissent par s’affronter pour l’amour d’une même femme. Evidemment, le mauvais garçon se sacrifiera, permettant aux deux amoureux de vivre heureux. Reste donc Robert Ryan, toujours sombre et solide même en mode mineur, qui n’a aucun mal à éclipser Brian Keith. Gene Barry fait le méchant et plutôt bien, tandis que Jan Sterling joue les utilités avec sa blondeur platinée. Il n’y a pas grand-chose d’autre à retenir de Alaska Seas, film d’aventures honnête mais trop routinier et impersonnel pour marquer durablement les esprits. (15.07.2024) ⍖⍖
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