Rainbow - Rising (1976)


Quand il enregistre en 1975 avec les membres de Elf (sauf le guitariste, forcément !), groupe qui a souvent accompagné en tournée son principal port d’attache,  la première galette de Rainbow, Ritchie Blackmore est alors toujours dans Deep Purple et le dit album n’est qu’une escapade en solo capturée durant une phase de temps libre (on se demande d’ailleurs comment les mecs du Pourpre Profond pouvaient encore en avoir, eux qui étaient toujours, soit sur les routes soit en studio). Au moment de lui offrir un successeur, les choses ont par contre bien changé. Le ténébreux génie de la six-cordes a depuis quitté le groupe qu’il avait pourtant fondé en 1968 avec Jon Lord et ce faisant, Rainbow devient dès lors son nouveau navire, un navire dont il est le seul capitaine, où il peut faire ce qu’il veut. Après avoir remanié quasiment de fond en comble son équipage, dont il ne subsiste de la première mouture que le chanteur Ronnie James Dio, Blackmore grave en février 1976 avec des nouveaux musiciens ô combien plus talentueux et charismatiques que leurs prédécesseurs (Jimmy Bain à la basse, Tony Carey aux claviers et surtout le gigantesque Cozy Powell, batteur ayant déjà officié aux côtés de Jeff Beck, peut-être l’un des artistes que l’homme en noir respecte le plus), ce qui demeure encore aujourd’hui l’une des œuvres majeures de l’histoire du hard rock. Habillé d’une superbe pochette très heroic fantasy signée Ken Kelly, Rising ne dure peut-être que 33 minutes et 51 secondes mais il irradie une telle puissance, une telle classe qu’on ne se rend finalement pas compte de sa courte durée. 


Propulsé par un groupe au sommet de son inspiration, comme touché par la Grâce divine, le disque ne comprend que six titres mais quels titres ! L’écoute débute par l’épique « Tarot Woman », dont l’introduction, qui monte crescendo, vous scotche d’entrée de jeu. Rythmique de marteau pilon (mâtin, quelle batterie !), solo racé de Ritchie, synthétiseurs envoûtants et La voix de Dio, magique : en 6 minutes, tout est dit. A ce diamant brut, succèdent trois plages plus rapides : le puissant bien qu’injustement méconnu « Run With Wolf », bijou d’écriture et d’équilibre au final époustouflant avec son déluge de guitare ; l’imparable « Starstruck » et le très court « Do You Close Your Eyes », au refrain qui ne vous lâche plus. Mais c’est surtout pour ses deux dernières pistes que Rising est entré dans la légende. « Stargazer », tout d’abord, longue épopée aux ambiances presque médiévales dont la partie instrumentale est une rampe de lancement pour le jeu majestueux de Blackmore qui laisse tous ses concurrents sur le bord de la route. Son passage, aux teintes orientales et qu’il a écrit à l’origine au violoncelle, est une de ses plus belles créations. Dio n’est pas en reste, lui qui y livre une performance flamboyante. L’énorme « Light In The Black », enfin,  est une conclusion grandiose qui permet, encore une fois, au guitariste de décocher des soli enlevés de toute beauté. Après avoir savouré cet album, on comprend mieux pourquoi Blackmore ne pouvait tout simplement plus demeurer dans son ancien groupe tant ce hard rock épique et lyrique est loin, tellement loin, de la veine bluesy et funky que David Coverdale et Glenn Hughes en premier lieu veulent  de plus en plus affirmer au sein de Deep Purple. Il suffit de comparer Rising avec Come Taste The Band ou même avec Stormbringer, pour s’en convaincre.  Un classique que tous les métalleux se doivent de posséder. Point barre. (13/09/08) ⍖⍖⍖⍖

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