La femme de paille (1964) et surtout Khartoum (1966) qui le voit diriger des stars mondiales tels que, respectivement, Sean Connery ou Charlton Heston, résument mal la carrière de Basil Dearden, sans aucun doute l’un des cinéastes britanniques les plus passionnants des années 40 à 60. S’il a tourné aussi bien des comédies (Who Done It ? Avec Benny Hill!) que des polars (Police sans armes, Scotland Yard contre X) avec un égal bonheur, ce sont les sujets assez audacieux sinon risqués (pour l’époque) qui lui ont inspiré quelques uns de ses meilleurs films, le racisme dans Les trafiquants de Dunbar (1951) ou l’homosexualité dans La victime (1961) par exemple. Moins polar comme il est présenté que drame social, Jeunesse délinquante brosse ainsi le portrait d’une Angleterre déjà multi-ethnique où Italiens, Asiatiques, Noirs et population de souche cohabitent, ce qui n’est alors pas si fréquent. Mais ce n’est pas le thème de Violent Playground, lequel sous les airs de rock’n’roll qu’il diffuse, cherche moins à décrire les aspirations libertaires de la jeunesse qu’à questionner les ressorts de la violence endémique qui frappe cette dernière.
En suivant la mutation psychologique d’un flic dur-à-cuire (impeccable Stanley Baker) transféré malgré lui à la brigade des mineurs et dont le regard qu’il porte sur cette (pas si) mauvaise graine évolue au contact du directeur d’école, d’un prêtre (Peter Cushing), de la sœur d’un des voyous (Anne Heywood), le film insiste sur l’environnement tant urbain que familial pour expliquer le glissement progressif d’une certaine jeunesse dans la criminalité. On ne nait pas mauvais mais on peut le devenir par le poids du déterminisme social. Dans un Liverpool sordide (dont la cité Gerard Gardens, ensemble luxueux lors de sa construction qui s’est peu à peu mué en ghetto), on voit ces mômes souvent livrés à eux-mêmes, entre pères absents et mères aimantes mais dépassés. Ils cherchent des repères, qu’ils trouvent moins dans l’Église que dans le grand frère, le chef de bande charismatique auxquels les plus jeunes veulent ressembler. Ce faisant, Basil Dearden oppose traditionnellement deux méthodes pour endiguer cette lèpre gangreneuse : la force incarnée par la police ou le dialogue qui ne l’exonère toutefois pas d’une certaine autorité. Au terme du long siège de l’école, l’arrestation de Johnny (David McCallum), voyou fiévreux en quête d’une impossible rédemption, devrait permettre cependant à ses deux petits frères et sœurs de ne pas imiter son tragique et sacrificiel parcours... (18.08.2024) ⍖⍖
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