Red Sparowes - Every Red Heart Shines Toward the Red Sun (2006)


Les albums entièrement instrumentaux sont suffisamment rares pour que l’on se félicite lorsqu’un groupe a le courage d’en écrire un. Mais venant d’une scène, le post rock (ou post ce que vous voulez) qui privilégie toujours les longs passages atmosphériques entre deux parties bien furieuses, cela n’a en réalité rien de bien surprenant. Frères de Cult Of Luna, Pelican et Isis, Red Sparowes, qui compte d’ailleurs en son sein deux membres de ce dernier, livre avec Every Red Heart Shines Toward The Red Sun un deuxième opus tout simplement somptueux. Faussement calme et pouvant  de prime abord se rapprocher des derniers travaux d’Isis (toujours lui), voire de Pink Floyd, pour certains passages planants, ce brûlot stratosphérique s’envole en réalité très haut vers des sphères célestes inédites. S’il n’a déjà pas choisi la facilité en proposant un disque instrumental, Red Sparowes rend celui-ci encore moins accessible en ne donnant aucun titre à la poignée de morceaux qui le composent. Privé de titres et de paroles auxquels se raccrocher, l’auditeur n’a alors comme unique solution que de se plonger dans ce pavé de plus d’une heure qui fait saigner l’âme aussi bien que le cœur. 


De fait, ces huit plages anonymes semblent ne former qu’un tout qu’il s’avère donc préférable d’aborder dans sa globalité plutôt que par petits bouts, d’autant plus qu’ils évoquent un seul et même thème, l’éradication sous la Chine de Mao à la fin des années 50 de milliers de moineaux qui parasitaient les champs. Conséquence : une catastrophe humanitaire car une fois les oiseaux exterminées, ce sont des millions d’insectes, que mangeaient justement ces derniers, qui vont ravagés les récoltes et faire sombrer dans la famines les campagnes chinoises. Conduit par ce fil conducteur, l’album déroule une musique sublime et envoûtante, à la fois atmosphérique et lourde, parfois lancinante, mais toujours d’une déchirante beauté, à vous en tirer des larmes. Red Sparowes démontre enfin que l’Amérique peut accoucher de groupes très intéressants, à des années lumières d’un néo metal à bout de souffle ou d’un metalcore stérile. (2006) ⍖⍖⍖

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