Il est étonnant de constater qu’un film comme Le fond du problème, qui adapte une œuvre majeure de Graham Greene, et offre à Trevor Howard une des ses plus grandes compositions, ait depuis sombré dans un certain oubli. Sans doute faut-il voir dans son intrigue marquée par le poids du catholicisme qui a depuis longtemps perdu son emprise sur la société, la raison de cette désuétude auprès du spectateur d’aujourd’hui pour qui le combat intérieur du personnage principal semblera dérisoire sinon incompréhensible. Résumer le livre de Graham Greene en une centaine de minutes tenait de la gageure et il est évident que le film échoue à restituer toute la richesse du matériau qui l’a inspiré. La Seconde Guerre mondiale paraît lointaine et guère oppressante tandis que la description de la vie dans les colonies britanniques, quoique brossée avec subtilité et sans fard (pour l’époque) est quelque peu diluée dans un récit avant tout centré autour du dilemme moral de son héros, tiraillé entre sa femme, pour laquelle il a toujours de l’affection et son amour pour une jeune femme.
Pour autant, le film s’avère fidèle au roman dont il conserve l’essence : la relation de Scobie à Dieu et à la religion catholique, qu’incarne le prêtre interprété par Peter Finch. Dans le rôle de cet homme torturé par sa conscience qui voit sa vie peu à peu dérailler, hanté par le décès de sa fille unique et enchaîné à une épouse dépressive dans un territoire où il ne semble plus avoir aucun avenir ni social ni professionnel, Trevor Howard impose une présence affectueuse mais voilée par la mort. Les scènes qu’il partage notamment avec Maria Schell, alors encore à ses débuts, sont très réussies. La participation de Gérard Oury en trafiquant louche et maître-chanteur peut paraître curieuse mais c’est oublier que le futur réalisateur de La grande vadrouille ou du Corniaud a commencé sa carrière comme comédien, pas très bon d’ailleurs. Solide adaptation de Graham Greene, Le fond du problème demeure un film intéressant en cela qu’il dépeint une société encore corsetée par la religion et des conventions sociales qui elles, n’ont pas disparu. (30.09.2024) ⍖⍖
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