Sombres Forêts - Royaume de glace (2008)


La forêt, la glace, la nuit, la nature, la solitude, le froid : si la caractéristique première du black metal était l’originalité, gageons que Sombres Forêts ne remporterait pas la palme. Mais comme ce n’est pas le cas, hormis pour certains explorateurs façon Enslaved, (Code), Blut Aus Nord ou Solefald, pour ne citer qu’eux, qui tentent de s’affranchir des codes figés qui régissent bien souvent le genre, on se moque bien que ce one-man band en provenance du Québec se contente de régurgiter comme mille autres ce black sinistre et dépressif, répétitif, lent et malsain, produit avec des moufles et habillé de tous les clichés en vigueur depuis le Filosofem de Burzum. Mais loin de ces serments d’allégeance au Grand Bouc ou ces odes aux suicides qui forment la plupart du temps le substrat de cette musique, Annatar, lui, cherche surtout à exalter les forces de la nuit ; il se nourrit d’un environnement géographique (la forêt, la glace, la nature…) propice à la création d’un art noir et misanthropique. Quintessence nous avait séduit. Le solitaire remet donc le couvert avec un opus qui trace un sillon (forcément) identique. 


S’il n’a pas le charme de son prédécesseur, Royaume de glace a gagné un sens de l’écriture davantage maîtrisé. Toujours aussi longs, les titres qui le structurent, se révèlent plus riches que leurs aînés, à l’image de « The Forest », fissuré par des arpèges de toute beauté ou du maladif « La nuit » que drape des ambiances hivernales admirablement soulignées, tandis que sur « L’œil nocturne », qui ouvre un espace quasiment mort en son milieu,  Annatar hurle comme un écorché vif.  Toutes ces complaintes finissent par toutes se ressembler pour former une procession païenne et hypnotique, véritable peinture d’un monde obscure qui, une fois la nuit tombée, se réveille, un monde opaque, triste, séculaire et mystérieux. Si du triumvirat du black burzumien québécois, Gris est le plus original, Forteresse le plus patriotique, Sombres Forêts se veut quant à lui le plus orthodoxe du groupe. Annatar a sans doute un peu trop biberonné l’œuvre de Varg Vikernes mais, à l’instar de Striborg ou Xasthur par exemple, il ne cherche qu’à lui rendre hommage avec humilité et respect. Royaume de glace n’est pas pas un disque essentiel dans le genre mais les amateurs devaient pouvoir s’y repaître avec un plaisir masochiste. (21.06.2008) ⍖⍖

Commentaires

Random posts

En vrac

Plus d'éléments

Goddess

Accueil