Référence du film de science-fiction des années 60, Le voyage fantastique présente une histoire complètement folle. Afin de soigner un chercheur plongé dans le coma après voir été victime d’un attentat en passant à l’ouest du rideau de fer, une équipe de scientifique est miniaturisée à bord d’un sous-marin (le Proteus) et envoyée dans le corps du malade, unique moyen d’atteindre le caillot et le détruire. Richard Fleischer, considéré à tort comme un exécutant tout-terrain, capable de trousser avec une aisance égale un western (Duel dans la boue), un drame (La fille sur la balançoire), un film de guerre (Le temps de la colère), un polar (Les inconnus dans la ville) ou de la SF justement (Soleil Vert), était taillé pour mener à bien cette ahurissante expédition. D'une part, parce qu’il avait réalisé douze ans plus tôt 20,000 lieues sous les mers dont il s’est souvenu du Nautilus pour filmer le Proteus et ses entrailles claustrophobiques. D'autre part, parce que l’école des polars de série B (Le traquenard, L’inconnu du Chicago Express) lui a enseigné ce goût de l’efficacité et cette science de la concision lui permettant d’emballer son récit en à peine plus de 90 minutes, sans temps mort ni palabre inutile. A la tentative d’assassinat du professeur Benes, pliée en quelques plans et sans dialogues s’enchaîne ainsi immédiatement le début de la mission dont les préparatifs sont expédiés avec une même économie narrative.
Son savoir-faire en terme d’aventures et d’effets spéciaux lui dicte un spectacle nerveux et visuellement superbe. Les images fascinantes de l’intérieur du corps humain imaginé à la manière très sixties d’un trip psychédélique ont assuré la renommée du Voyage fantastique (ainsi que la combinaison qui sangle Raquel Welsh dont la présence décorative se limite à une fonction sexy). Les dangers nichés dans cet univers artériel (globules blancs aux allures de Blob, la traversée du cœur…) ou l’ennemi tapi à l’intérieur même du petit submersible servent à maintenir le suspense, quand bien même l’identité du saboteur se devine dès le générique et l’apparition d’un Donald Pleasence abonné aux rôles de type louche. Bien sûr son esthétique colorée, ses décors bien kitsch et ses effets spéciaux n’ont pas échappé aux affres du temps (contrairement à 2001 : l’odyssée de l’espace pourtant réalisé deux ans plus tard) tandis que la naïveté de son propos fera aujourd’hui sourire mais Le voyage fantastique n’en conserve pas moins son pouvoir de fascination et distillera de toutes façons toujours plus de charme que les films de SF actuels ou même que L’aventure intérieure (1987) de Joe Dante, remake à peine déguisé au demeurant sympathique. A noter enfin que Isaac Asimov adaptera le film en livre en 1972 avant d’en tirer un second roman (Destination cerveau) en 1988. (22.10.2024) ⍖⍖⍖
.jpg)


Commentaires
Enregistrer un commentaire