Il y a eu une vie pour Terence Young avant James Bond 007 contre Dr No en 1962 (et il y en aura une également après). Il démarre ainsi sa carrière de réalisateur avec le très beau drame gothique L’étrange rendez-vous en 1948, dirige Stewart Granger et Edwige Feuillière dans Les ennemis amoureux l’année suivante avant de se spécialiser dans le film d’aventures (Safari, Zarak le valeureux) ou les récits de guerre (La brigade des bérets noirs) qui le préparent tout doucement à endosser plus tard le rôle de père cinématographique de James Bond. Les bérets rouges s’inscrit dans cette première partie de carrière. Très apprécié à l’époque, celui-ci ne compte pourtant pas parmi les fleurons du film de guerre pour lequel les Britanniques sont réputés. La faute en incombe moins à ses maladresses techniques (ces plans superposés) certes embarrassantes qu’à son trop grand classicisme qui n’évite pas l’ennui cependant que les personnages qui composent ce petit groupe d’hommes paraissent trop peu développés, à l’exception du héros incarné par Alan Ladd, dont on devine très vite que le caractère renfrogné cache en vérité le tourment d’une faute commise dans le passé. Par exemple, l'instructeur fort en gueule mais sympathique, tenu par Stanley Baker, disparaît ainsi brusquement sans que sa mort soit justifiée par le script.
Sans surprise, la première moitié est consacrée à l’entraînement des parachutistes que saupoudre une amourette obligée (avec l’oubliée Susan Stephen, qui fut une des épouses de Nicholas Roeg), laquelle fournit pourtant quelques unes des scènes du film les plus plastiquement réussies (superbe photographie de John Wilcox) et la seconde, à la guerre en tant que telle, entre le raid contre la station radar allemande de La Poterie-Cap-d’Antifer connu sous le nom de opération Biting (ou de Bruneval) et les combats en Afrique du Nord et qui permet à Terence Young de démontrer sa maîtrise de l’action, bien aidé par Robert Day comme cadreur. Malgré ses qualités et une distribution solide (dont l’indispensable Harry Andrews, qui semble jouer dans tous les films de guerre anglais, et Anton Diffring qui n’a pas grand-chose à faire), Les bérets rouges n’en laisse pas moins une impression assez terne, que sauvent de la banalité un Alan Ladd dans un rôle de (faux) dur qu’il affectionne et le trop rare Leo Genn (l’éternel Pétrone de Quo Vadis) en officier inspiré du Major Frost que Anthony Hopkins interprétera dans Un pont trop loin (1977). (29.10.2024) ⍖⍖
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