Jindřich Polák - A Game Without Rules (1967)


Les pays de l’ancien bloc communiste ressembleront toujours un peu au noir et blanc sinistre et blafard d’un film comme A Game Without Rules, tourné à Prague en 1967 par Jindřich Polák, dont on connaît surtout Ikarie XB-1, classique de la SF soviétique adapté d’un roman de Stanilas Lem (Solaris). Sous couvert d’un polar classique tricoté autour du braquage d’une bijouterie, le cinéaste s’attarde en vérité sur la traque obsessionnelle que mène un flic déchu, persuadé de la culpabilité du propre employé du magasin cambriolé. Le noir et blanc qui découpe dans les ténèbres boueuses des paysages lugubres et des visages chiffonnés, associé à la une mise en scène au cordeau créent tout du long un envoûtement. L’action et la violence, sèche comme lors de la mort d’un des voleurs, écrasé par un train, intéressent finalement moins Polák que les relations entre les personnages qui peu à peu se révèlent dans leur trouble obscurité. 


Même le héros n’en est pas vraiment un, tout à son obsession, mû par des motivations équivoques qui empêchent de le rendre sympathique. S’il finit par éliminer les coupables, sa victoire n’a rien de triomphant. C’est un homme blessé, à tous points de vue qui termine cette histoire peignant une Tchécoslovaquie sombre que peuplent des hommes et des femmes louches et fuyants, témoins de la déliquescence morale du communisme. Hra Bez pravidel illustre comment, en dépit du carcan politique qui sangle alors les pays d’Europe de l’Est, un cinéma d’envergure beaucoup plus large, au langage néanmoins ancré dans une réalité qui leur était propre, pouvait malgré tout émerger et le rendre fascinant. (25.11.2024) ⍖⍖




 

Commentaires

Random posts

En vrac

Plus d'éléments

Goddess

Accueil