Gregory La Cava - Les amours de Cellini (1934)


L’honnêteté oblige votre serviteur à reconnaître qu’il n’avait jamais entendu parler des Amours de Cellini, évocation évidemment très libre de la vie du célèbre orfèvre florentin (auquel Berlioz consacra un opéra) pourtant réalisé par Gregory La Cava et réunissant Fredric March et Constance Bennett, alors une des plus grandes stars d’Hollywood. Son âge plus que vénérable (90 ans quand même), son esthétique désuète et son cadre théâtral laissaient augurer d’un spectacle poussiéreux. Or il s’agit au contraire d’une sorte de farce Renaissance aussi truculente qu’un brin coquine dont les protagonistes d’une joyeuse immoralité la rattachent aux comédies Pré-code. Jugez plutôt. Cellini est présenté comme un mélange de Robin des Bois et de Casanova qui se satisfera d’être réduit à un jouet sexuel pour la Duchesse de Florence qui multiplie les amants et domine son époux. Celui-ci, Alexandre de Médicis, est brossé comme un bouffon, bien qu’il ne soit pas insensible au charme d’Angelina, modèle du sculpteur et brune frigide aux plaisirs roturiers et dont la mère, une femme avec des poils au menton, est prête à la marchander pour quelques ducats ! 


Ajoutons à cela des dialogues savoureux aux sous-entendus polissons à peine camouflés et nous obtenons un badinage plein de fougue et de verve qui a miraculeusement échappé aux affres du temps. Il faut dire que tous les comédiens livrent d’excellentes prestations. Frederic March ne se prend pas au sérieux, Frank Morgan est hilarant, Constance Bennett toute en morgue lascive, Fay Wray étonnamment cocasse et Louis Calhern  joue les Basil Rathbone qui intrigue dans l’ombre. Une photographie soignée (particulièrement dans les scènes de la salle de torture que lèchent des ténèbres gothiques)  pare en outre Les amours de Cellini de ce raffinement propre aux productions de la Fox dont il est un ravissement oublié. (24.12.2024) ⍖⍖

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