Tiamat - A Deeper Kind Of Slumber (1997)


On peut dire que le groupe suédois a pris son temps pour livrer le successeur de Wildhoney (1994), sa plus grande réussite à ce jour ; et qui lui a permis de s’éloigner des rivages doom death de ses débuts pour accoster sur les terres d’un metal gothic raffiné. Enregistré par Siggi Bemm (The Gathering), A Deeper Kind Of Slumber enfonce davantage le clou et propose une musique encore plus atmosphérique et planante, sur laquelle glisse parfois le spectre de Pink Floyd (l’hypnotique « Atlantis As A Lover » et ses guitares gilmouriennes). Si « Cold Seed » et ses lignes à la six cordes entêtantes ouvre le disque d’une manière efficace ; ce qui suit s’avère beaucoup plus déstabilisant, bien que toujours superbe. Une lenteur contemplative domine sur la plupart des morceaux, même si certains passages sont plus énervés (« Alteration X 10 ») ; des effets modernes parent quelques chansons (« The Desolate One »), tandis que des violons (« The Whores Of Babylon ») et  voix féminines font de parcimonieuses apparitions au détour d’un accord. L’album est coloré par tout un panel d’ambiances, souvent mélancoliques, parfois orientalisantes, comme sur l’excellent « Four Leary Biscuits », et qui confère à l’ensemble une grande richesse émotionnelle. 


Johan Edlund a complétement abandonné sa grosse voix des débuts pour lui préférer désormais un chant clair suave, certes un peu monocorde, mais qui convient bien à l’orientation moins metal et plus délicate des compos du groupe. Les fans de la première heure, comme ceux qui l’ont découvert avec Wildhoney, risquent de ne pas trouver ce A Deeper Kind Of Slumber très expérimental à leur goût, pourtant, jamais peut-être la musique de Tiamat n’a recélé autant de beauté et de pureté (le floydien « Only In My tears It Lasts », le diaphane « Kite »). Bien qu’il n’accuse aucune baisse de régime, le disque lâche cependant ses meilleures envolées en fin de parcours avec trois titres suintant une mélancolie à fleur de peau : l’énorme « Phantasma De Luxe », le lancinant « Mount Marilyn », tous  deux illuminés par des guitares dignes du Flamand rose ; et le quasi burzumien (pour le côté dark ambiant et répétitif) morceau – titre.  A Deeper Kind Of Slumber demeure un album essentiel dans la carrière de Tiamat car il est, avec son glorieux prédécesseur, celui qui a le mieux façonné l’identité musicale de ce groupe phare des années 90. Un disque à savourer la nuit, étendu sur son lit, en contemplant sa vie défiler sur le plafond de sa chambre. (2006) ⍖⍖⍖

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