Afternoon Affair : Rare Window commence très fort, à la manière d’une version lubrique de Fenêtre sur cour. Armé de jumelles, un vieux vicelard assis dans un fauteuil épie par la fenêtre des couples en train de faire l’amour dans l’immeuble d’en-face. Ca l’excite. On devine même que mâter ses voisins en plein rut est la seule façon pour lui de bander. La jeune femme à ses côtés le sait bien. Pour elle, c’est comme un signal. Elle se colle à lui et enfouit sa tête au niveau de son bas-ventre, avant qu’il ne la possède brutalement dans la chambre. Cette entame, grivoise et malsaine, donne le ton du film, un de ces romans pornos dont Shôgorô Nishimura est un des esthètes. La photo est particulièrement soignée tandis que Kazuko Shirakawa, d’une trouble sensualité, se révèle attachante dans la peau de cette hôtesse d’un club miteux, aussi naïve que servile, en quête d’un fragile bonheur que le destin lui refuse, vendant son corps pour aider son amour de jeunesse qui, une fois le magot en poche, l’a trahira.
Dommage toutefois que le scénario, idiot, sacrifie jusqu’à la lie ce beau portrait de femme bafouée teinté d’une sourde tristesse sur l’autel d’un érotisme farouche au demeurant affriolant. Dénoncer la condition féminine dans la société japonaise des années 70 intéresse donc moins Nishimura et son scénariste Kazuo Nishida que la mise à nu (au propre comme au figuré) de leur héroïne réduite à un simple objet sexuel, non sans une forme de cruauté masochiste. Abandonnée de tous, elle finit seule, noyant son chagrin et sa misère tant affective que sociale, attablée dans ce club miteux où elle échoue à nouveau et dont les murs constituent son horizon emprisonné… (06.03.2025) ⍖⍖
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