Ulver - Themes from William Blake's The Marriage of Heaven and Hell (1998)


Ulver est un groupe en constante évolution, se réinventant à chaque album. C’était déjà vrai lorsqu’il pataugeait dans le black metal dont il a exploré de multiples facettes (pagan, pur folk ou true black), çà l’est encore davantage depuis cette quatrième offrande. Définir The Marriage Of Heaven And Hell n’est pas chose aisée. Si le groupe prend ses distance par rapport au metal et ce, en dépit de guitares parfois très en avant et percutantes et de la participation des éminents Ihsahn et Samoth d’Emperor et Fenriz de Darkthrone, il est difficile pour autant de rattacher sa musique à un genre en particulier. Alors certes, cette adaptation ambitieuse et sur deux CD de l’œuvre de William Blake doit beaucoup à la dark electro qui mène parfois Ulver aux confins de l’ambient, mais cet album va bien au-delà de cette définition tant sa richesse musicale et émotionnelle s’avère immense. La première chose qui frappe à l’écoute de ce pavé, c’est sa pureté et sa puissance, ainsi que le magnifique chant clair de Garm, véritable clé de voûte de cette cathédrale sonore, conférant à l’ensemble un petit côté Arcturus. 


S’il semble vain et fastidieux d’énumérer toutes les chansons celles-ci formant réellement un tout à la fois homogène et traversé de multiples ambiances, nous ne pouvons nous empêcher de mentionner le colossal titre de plus de dix minutes, ouvrant le second disque et qui constitue très certainement l’apothéose de cet opus inclassable. D’une manière générale, une certaine tristesse domine, mais elle n’est jamais suicidaire ; au contraire c’est une tristesse empreinte de beauté, un peu comme dans un poème de Baudelaire, ce que renforce encore l’utilisation d’une voix féminine et d’orchestrations pleine de gravité, comme à la fin du premier disque notamment. Il va sans dire que The Marriage Of Heaven And Hell, qui restera certainement l’œuvre la plus ambitieuse et la plus monumentale offerte par Ulver, nécessite nombre d’écoutes attentives pour en cerner toutes les richesses et s’en imprégner complètement. Les Norvégiens démontrent enfin que la scène black abrite des musiciens talentueux et ouverts et ne se résume donc pas à quelques satanistes du dimanche peinturlurés comme des pandas et passant leur temps à brûler des églises et à cracher sur le Christ et la société. (2006) ⍖⍖⍖

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