Il est toujours intéressant de (re)découvrir les premiers pas de grands réalisateurs, dans lesquels on cherche à débusquer les traces, les germes, des œuvres maîtresses à venir. Tel par exemple le cas de Bodyguard, une de ses petites séries B que Richard Fleischer a troussées pour le compte de la RKO avant d’être embauché par Disney et de s’imposer grâce 20 000 lieues sous les mers (1954). Après Child Of Divorce (1946) et Mon chien et moi (1947), ce film inaugure un corpus de plusieurs polars qui vont permettre au cinéaste de se bâtir sa réputation de technicien efficace dans le domaine de l’action. Le format serré ( 60 minutes à peine) imparti lui dicte un style sec et concis qui ne s’embarrasse d’aucune scène superflue. Si les polars suivants, Le traquenard (1949) et surtout L’énigme du Chicago Express (1952), le plus abouti du lot, seront d’un autre niveau, Bodyguard n’en indique déjà pas moins la présence d’un vrai metteur en scène derrière la caméra et non pas seulement un fonctionnaire de la pellicule.
Certains plans et cadrages (sur les visages et les yeux particulièrement), la conduite vigoureuse du récit, une ambiance nocturne et paranoïaque discrète mais prégnante font ainsi plus qu’un artisan habile. Comme souvent dans ces polars de série B, un lieu insolite sert de cadre au dénouement. Il s’agit ici d’un abattoir, théâtre d’un règlement de compte exécuté avec toute la nervosité requise par Fleischer. Les plus attentifs repèreront le nom d’un Robert Altman débutant, crédité au scénario et dont on peut penser que le personnage féminin (campée par la pétillante Priscilla Lane), qui participe activement à l’enquête policière non sans une certaine modernité, porte peut-être la signature. Dans tous les cas, sa présence ajoute à l’importance historique de ce Bodyguard certes mineur mais dont le rythme soutenu assure un programme sans prétention ni temps morts. (23.03.2025) ⍖⍖
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