KröniK | No-Man - Love And Endings (2012)


Nonobstant la qualité d'un Porcupine Tree devenu un véritable monstre, on ne peut s'empêcher d'avoir l'impression que No-Man a été, sinon sacrifié, du moins éclipsé par ce qui est devenu la principale vitrine commerciale de Steven Wilson ; un étonnant (ou pas) renversement de situation entre deux projets dont le plus prometteur (du point de vue du succès stricto-sensu) n'est pas forcément celui qu'on croit, le duo que forme le multi instrumentiste avec le chanteur Tim Bowness ayant beaucoup plus tôt fait parler de lui. Désormais réduit au rang de side-project auquel ses auteurs rendent visite à intervalles irréguliers, No-Man connaît depuis une dizaine d'années une carrière épisodique où albums studio (seulement deux durant ce laps de temps) alternent entre EP (Wherever There Is Light), compilation (All The Blue Changes) et DVD (Mixtaped). Autant dire qu'on le regrette, ce groupe pouvant être considéré comme la création la plus précieuse de l'Anglais dont on en vient presque à préférer les préoccupations les plus secrètes (Bass Communion). En attendant le successeur d'un Schoolyard Ghosts datant déjà de 2008, Love And Endings vient combler un vide dans la carrière de la formation en cela qu'il est son premier témoignage live officiel à la fois audio et vidéo. Seule la version CD sera évoquée dans cette chronique. Capturé le 14 octobre 2011 au Leamington Spa Assembly, l'objet résume les 25 ans de carrière de No-Man en neuf compositions. 


Or, quand on connait la richesse de son répertoire, le réduire à une si petite poignée de compositions fera nécessairement des déçus, attendant ici un "Only Rain" ou là un "Photographs In Black And White" qui brillent donc par leur absence. Davantage qu'un tour d'horizon équilibré, il faut voir en Love And Endings un instantané de ce qu'est le groupe aujourd'hui, lequel offre par ailleurs un nouveau morceau, "Beaten By Love" où se conjuguent la voix feutrée de Bowness et la six-cordes saturée de Wilson. Le concert débute avec deux extraits de Wild Opera (1996), l'intimiste "My Revenge On Seattle" puis "Time Travel In Texas", sombre pulsation traversée par une basse toute en rondeur et des rushs Ambient de guitare, portés par le chanteur dandy et son chant suave irrésistible. Un troisième titre issu de cet album figure au programme, "Pretty Genius", petite pépite toute en ambiances. Mais c'est peut-être lorsque No-Man pioche (trop peu) dans ses dernières offrandes qu'il procure des frissons, témoins les magnifiques versions du grandiose "All The Blue Changes" et sa montée en puissance poignante de beauté, ou de "Mixtaped" qui permet à Steven Wilson de laisser libre court à son jeu toujours au bord de la rupture, sans oublier "Lighthouse", entaillé de lignes de violon déglinguées. Notons d'ailleurs la solide assise instrumentale des musiciens accompagnant le tandem, de Steve Bingham à Pete Morgan, tous impeccables. Tiré de Flowermouth, "Things Change" clôt le concert en beauté, entre une première partie douce et un final du feu de dieu. Indispensable pour ceux qui chérissent ce groupe bien trop rare, croisons les doigts pour que, comme son titre pourrait le laisser penser, ce live ne soit pas le testament de ses auteurs… (19.10.2012 | MW) ⍖⍖⍖

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