CinéZone | Marc Forster - A l'ombre de la haine (2001)


Grâce aux Oscars, ce film est entré dans l’histoire. En effet, Halle Berry a reçu pour son rôle de jeune veuve, mère d’un enfant obèse, l’Oscar de la meilleure actrice. Pour la première fois, une comédienne Noire se voit décerner cette récompense suprême. Fait encore plus remarquable pour une œuvre provenant du circuit indépendant, produite hors des grands studios. A l’ombre de la haine ne possède en effet rien d’hollywoodien. A commencer par les personnages qu’une première partie se charge de présenter, étouffante et quelque peu maladroite il est vrai en raison de l’avalanche de drames dont elle est le théâtre. Entre Billy Bob Thornton, gardien de prison raciste qui vomit un torrent d’insultes sur son fils avant de lui en mettre une parce que celui-ci a craqué pendant une exécution capitale, Heath Ledger (loin de Chevalier !), le dit rejeton, qui noie son mal de vivre entre l’alcool et une pute à usage familial, sans oublier Halle Berry qui se comporte durement avec son gamin qui s’enfile toute la journée des barres de chocolat, le tableau est d’une noirceur appuyée. Pourtant, passé cette première partie qui semble sans issue, l’histoire commence enfin à respirer lorsque les personnages campés par Thornton et Berry se rencontrent véritablement. Le film trouve alors son rythme et devient vite passionnant, porté par deux magnifiques comédiens. 

La composition de Halle Berry semble la plus évidente. Son rôle est difficile et elle démontre alors que, loin de la figuration dans quelques grosses machines (X-Men, Opération espadon), elle est une actrice sur laquelle le cinéma devra compter. Les premières scènes ne sont pas très flatteuses pour son personnage mais petit à petit sa vraie valeur se fait jour et cette jeune femme qu’on pouvait prendre pour une mauvaise mère apparaît comme un être perdu en quête d’amour. Après The Barber des frères Coen et Bandits de Barry Levinson, Billy Bob Thornton se révèle encore plus subtilement génial. Il domine le film par son jeu tout en intériorité. Son rôle non plus n’est pas facile car son racisme n’est pas bêtement simpliste. Sa haine pour les Noirs est avant tout le fruit de son éducation et de son milieu. A l’ombre de la haine conte leur rencontre et leur rédemption. Parviendront-ils à vivre ensemble heureux ? Malgré tous les non-dits et un passif lourd à assumer, on veut y croire. Il ne s’agit pas d’un simple film sur la peine de mort, œuvre subtile sur le racisme, les relations père/fils et sur la rédemption de deux erres écrasés par le destin. (2001) ⍖⍖⍖



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