KröniK | Dornenreich - Flammentriebe (2011)


Parallèle évident avec la figure spectrale ornant celle de Bitter Ist's Dem Tod Zu Dienen, cette silhouette naufragée errant seule sur le très beau visuel habillant Flammentriebe est un signe qui ne trompe pas : Dornenreich a décidé de renouer avec une forme de Black Metal plus agressive. Depuis Durch Den Traum, les Autrichiens avaient peu à peu quitté les rivages noirs de leurs débuts pour accoster une terre de plus en plus atmosphérique, incorporant des éléments acoustiques et folkloriques. Avec le recul, le dépouillé In Luft Geritzt apparaît aujourd’hui comme l’aboutissement de cette démarche artistique. Ainsi, contre toute attente et alors que nous nous attendions à ce que ce septième opuscule suive une trajectoire voisine, l’hydre à deux têtes, rejoint – c’est une bonne nouvelle – par leur ancien batteur, Gilvan, livre avec Flammentriebe ni plus ni  moins que le disque sinon le plus violent au moins le plus sombre du groupe depuis des lustres ! Cette dureté retrouvée, parfaitement mise en valeur par le travail sonore du fidèle Markus Stock (Empyrium, mais est-il encore besoin de la préciser ?) s’exprime par le prisme de paroles volontairement agressives et que renforce la diction martiale de Eviga. 


Pour autant, nous avons affaire à des artistes (le mot n’est pas trop fort), des vrais, trop intelligents pour se contenter d’un simple coup d’œil dans le rétroviseur. De fait, Flammentriebe n’est en aucun cas un effort nostalgique,  celui-ci se veut plutôt une synthèse de l’art des Autrichiens et de son évolution. Il s’agit d’une œuvre-somme où s’accouplent les aplats tranchants d’un Black Metal qui ne ressemble à nul autre et les traits osseux dessinés par un violon aux accents mélancoliques. Basé sur huit compositions intenses et désespérées, l’album suit un tracé qui le voit débuter dans la brutalité la plus noire avec « Flammenmensch » et s’achever sur une note plus posée, avec « Erst Deine Träne Lôscht Brand », longue plainte instrumentale  minimaliste aux teintes grêles, manière de conférer à l’album une lumière salvatrice bien que pale après ce torrent de négativité, quand bien même les ultimes mesures électriques viennent nuancer cette impression. Flammentriebe est à la croisée de ses prédécesseurs et ce faisant il s’impose peut-être même comme la création autant musicale que philosophique idéale de la part d’une entité dont la singularité jamais démentie fait plaisir à voir et à entendre à une époque où règnent le conformisme et la standardisation culturelle. Ouvre-t-il un nouveau chapitre dans la carrière du groupe ou bien n’est-il qu’une parenthèse ? L’avenir nous le dira… (2011) ⍖⍖⍖

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