CinéZone | Luchino Visconti, Mauro Bolognini, Pier Paolo Pasolini, Franco Rossi, Vittorio De Sica - Les sorcières (1967)


Les sorcières constitue un hommage à l’actrice italienne Silvana Mangano, révélée en 1949 par Riz amer et qui est alors de plus en plus concurrencée par les pulpeuses Claudia Cardinale et surtout Sophia Loren. Son époux et producteur Dino de Laurentiis décide donc de produire un film à sketchs pour relancer sa carrière en faisant appel à la crème des metteurs en scène de la péninsule. Au final, le film n’est pas une réussite et ne connut pas un succès retentissant. Divisé en cinq segments, c’est essentiellement pour le dernier d’entre eux, Une soirée comme les autres, que Les sorcières demeure intéressant. En effet, dans ce sketch Silvana Mangano donne la réplique à Clint Eastwood, alors star en Italie grâce aux westerns de Sergio Leone. Pour la première fois de sa carrière, l’acteur américain s’amuse à casser son image de pistolero froid, hiératique et individualiste. 

Dans cette histoire filmée par Vittorio de Sica, pape du néo-réalisme italien (Le voleur de bicyclette, Umberto D), Clint interprète le mari de Mangano, un homme pantouflard, peu attiré par le sexe et pressé de se coucher plutôt que d’enlacer tendrement sa mie. Ce sketch reste amusant par sa va-et-vient entre rêve et réalité au gré des fantasmes de la Mangano. Cependant, Clint ne paraît pas très à l’aise, coincé dans un rôle (proposé initialement à Sean Connery) qui ne lui convient guère. Mais le choix de jouer un personnage totalement différent prouve déjà qu’il n’a pas l’intention de faire l’homme sans nom toute sa vie. Il détruira bien sûr son image dure et virile de manière bien plus convaincante dans Les proies de Don Siegel en 1971. Comme tous les films à sketchs, exercice dans lequel les Italiens sont passés maîtres, Les sorcières se révèle inégal. Le segment de Vittorio de Sica, alors en déclin (sa dernière œuvre majeure sera Le jardin des Finzi Contini en 1970) s’impose comme le meilleur des cinq avec celui de Visconti, morbide à souhait. (2005) ⍖⍖




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