Deuxième aventure de Dirty Harry, flic désabusé aux méthodes expéditives, Magnum Force est conçu, de la part de Clint Eastwood, comme une réponse aux violentes critiques suscitées par la sortie en 1971 de l’opus originel. Même si son fameux 44 Magnum est toujours de la partie (comme le montre d’entrée le générique), le discours de Harry Callahan a été quelque peu nuancé, ou du moins, a été débarrassé des ambiguïtés qui pouvaient faire passer l’acteur pour un réactionnaire fasciste dans le film de Don Siegel. Alors certes, Harry dézingue toujours à tout va mais il le fait cette fois en respectant une certaine légalité. Il n’aime pas le Système, mais tant qu’on ne lui en aura pas proposé de meilleur, il continuera à suivre celui-ci malgré ses défauts. Les dialogues sont à ce titre on ne peut plus explicites (« Je crains que vous n’ailliez une fausse opinion de moi » rétorque Clint à la fois aux trois flics exterminateurs, mais aussi à ses détracteurs).
Bénéficiant d’un scénario particulièrement riche et travaillé de John Milius et Michael Cimino, Magnum Force rectifie également le tir par sa condamnation des exécutions sommaires, en illustrant les agissements de policiers se prenant pour les Escadrons de la mort brésiliens, à la fois flics, juges et bourreaux, et contre lesquels se bat Dirty Harry. De plus, le personnage se pare cette fois-ci d’une certaine humanité qui lui faisait peut-être défaut dans l’œuvre éponyme. Il semble moins froid et montre qu’il est capable d’éprouver des sentiments. Ainsi il n’est pas insensible au charme épicé de sa voisine eurasienne. Malgré tout, le film de Ted Post n’est pas parvenu à modifier l’image négative (et fausse) qui colle alors à la peau de Clint Eastwood. En dépit de ses nombreuses qualités, à savoir un scénario en béton armé, un climat violent bien entretenu, des scènes de meurtres sanglantes, Magnum Force se révèle un peu moins réussi que le film de Siegel. La mise en scène est moins efficace, moins nerveuse, le tissu urbain rendu de manière moins réaliste. Qui plus est, l’affrontement final avec les policiers semble plus conventionnel. Il lui manque la dimension obsessionnelle, quasi mystique du combat entre Harry et Scorpio. Reste donc un très bon polar, même s’il est dépourvu du génie de L’inspecteur Harry, œuvre référentielle dans l’histoire du film policier. (2005) ⍖⍖⍖
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