CinéZone | Clint Eastwood - Lettres d'Iwo Jima (2006)


Alors qu'il prépare Mémoires de nos pères, Clint Eastwood décide très vite de lancer dans la foulée le chantier d'un second film qui s'intéresserait à l'autre camp, le vécu des Japonais, démarche inédite tant dans la forme - il n'existe aucun autre diptyque de ce genre dans l'histoire du cinéma - que dans le fond, l'ennemi nippon ayant toujours été au film de guerre ce que l'Indien fut au western, sauf que la figure de celui-ci a évolué au fil du temps. Pour ce faire, Paul Haggis, alors trop occupé pour en assurer le scénario, lequel s'inspire notamment du propre bouquin Picture Letters From Comander In Chief du général Kuribayashi,  propose à Eastwood de faire appel à Iris Yamashita. Plus que le versant japonais de Flags Of Our fathers, Lettres d'Iwo Jima en est le plus complément, Clint évitant tout effet de symétrie aussi facile qu'attendu. De fait, les deux films ne partagent guère qu'un même cadre géographique, cette île que le caméra ne quitte cette fois-ci qu'au détours de quelques flashbacks, cette réflexion sur la propagande et ses répercussions ainsi que cette photo glaciale, due au fidèle Tom Stern. Ils diffèrent ainsi sur bien des points. Au récit chronologiquement morcelé du premier pan, son reflet préfère un canevas linéaire, que mitent cependant de parcimonieux retours en arrière. 

Si Mémoires de nos pères était parfois empesé, son successeur se révèle plus simple et dépouillé. Le résultat gagnent en émotion, réussissant à susciter une réelle empathie pour ses protagonistes, ce que le versant américain échouait à faire, qualité à laquelle n'est pas étrangère la très belle partition écrite par le propre fils de Clint, Kyle Eastwood. Inconnus en Occident, à l'exception notable de Ken Wanatabe dont le rôle durant le tournage a largement dépassé celui de seul jeu d'acteur, les comédiens se révèlent tous parfaits alors même que Eastwood les a dirigé sans comprendre un traitre mot de ce qu'ils disaient. Malgré un propos ambitieux, Lettres d'Iwo Jima demeure en revanche un pur film de guerre, à l'ancienne, basé sur un petit groupe de personnage que l'on suit. Il est en cela un vrai film américain même s'il a été tourné en Japonais. Sortie dans un circuit de salles très limité, l'oeuvre n'a rencontré qu'un succès d'estime. Il s'agit pourtant après Million Dollar Baby, d'une nouvelle réussite à mettre à l'actif du maître… (21.03.2017) ⍖⍖⍖⍖



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