KröniK | Baroness - Gold & Prey (2019)


L'air de rien, cela fait pas loin de quatre ans que Baroness n'est pas venu combler nos orifices auditifs avec un nouvel album. Nous avions laissé le groupe avec Purple dont l'impressionnant succès commercial ne doit pas en occulter la dimension personnelle et cathartique après le sérieux accident de la route que ses auteurs ont subi en 2014 et dans lequel ils ont trouvé malgré tout la force de continuer l'aventure. Direct et immédiat, ce quatrième opus avait donc surtout pour but de régénérer, de ressouder le combo, non pas d'en révolutionner le son. De fait, Gold & Grey reprend les choses où Yellow & Green les a laissées il y a presque sept ans, offrant cette fois-ci un Baroness plus audacieux sinon expérimental. Mais tous ne se retrouveront peut-être pourtant pas dans ce disque. Les premiers contacts se font certes en terrain connu : le visuel est reconnaissable entre mille tandis que la voix de John Baizley agit comme un puissant marqueur. Entame énergique, 'Front Towards Enemy' semble tout d'abord vouloir lancer l'écoute de manière assez classique, avant d'emprunter un chemin plus aérien, loin de la décharge rugueuse attendue. Ce n'est là que la première surprise livrée par une offrande aux allures de labyrinthe s'enfonçant peu à peu dans la nasse de sables mouvants.


Bâtie autour de 17 pistes (!) dont six d'entre elles ne sont que des intermèdes instrumentaux, son architecture fragmentée participe de l'impression tenace d'avoir affaire, au mieux, à un puzzle, au pire, à un agrégat informe de morceaux tellement divers que le programme qu'ils proposent paraît partir dans tous les sens. Et il faut tout le talent des Américains pour donner un sens ainsi qu'une cohérence à cet ensemble. Qu'y-a-t-il de commun en effet entre la pop désenchantée de 'I'm Already Gone' (et sa basse toute en rondeur), le groove hypnotique de 'Seasons' ou  ce 'Tourniquet' dont l'intro fragile peut rappeler le Steven Wilson le plus épuré ? Peu de choses en fait si ce n'est une même amertume. En quatre titres, le quatuor de Savannah explore déjà de nombreux chemins. Et nous pourrions continuer cette énumération en soulignant le grand écart réalisé entre l'intimiste 'I'd Do Anything' et le plus remuant 'Throw Me An Anchor'. Que dire également du curieux 'Emmett - Radiation Light' et ses arpèges osseux ou de 'Pale Sun' que vocalise la guitariste Gina Gleason, sans oublier ces interludes ('Anchor's Lament', 'Sevens'...) qui, à intervalles irréguliers, mitent ce menu gigogne. Mais derrière l'apparent désordre qu'il déballe, Gold & Grey impressionne par la  tristesse tranquille de ses mélodies ('Cold-Blooded Angels') et son immense travail d'écriture et d'arrangements qui témoignent autant de l'exigence de ses créateurs que de la puissante sève qui coule dans leurs veines. En définitive, bien que difficile d'accès, il est pourtant évident que le vrai Baroness, du moins celui qui correspond le mieux à la vision de John Baizley,  se trouve davantage dans Gold & Grey que dans Purple, album de transition plus efficace mais moins original. (15.08.2019 | MW) ⍖⍖⍖

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