LR | Moonspell + Rotting Christ + Silver Dust (Bourg-en-Bresse - 09.11.2019)


Ce n’est pas tous les jours que Bourg-en-Bresse accueille des groupes de metal de stature internationale.

Les mangeurs de décibels et amateurs de sonorités des entrailles ne pouvaient rater un plateau qui, excusez du peu, rassemble Moonspell, Rotting Christ et Silver Dust. Les deux têtes de gondoles de l’affiche sont des vétérans de la chapelle (plus si) extrême dont les noms évoquent maints souvenirs chez ceux qui sont tombés dans la marmite métallique durant les glorieuses années 90.


Si la dédicace organisée vers 17h30, n’attire que quelques dizaines de passionnés parmi lesquels on croise un couple, Simona et Max venu exprès d’Italie pour l’événement ou Maud, admiratrice absolue des Portugais qui a traversé l’hexagone (de Montluçon) pour rencontrer (enfin !) ses idoles, deux heures plus tard, la salle de La Tannerie se remplit vite jusqu’à la gueule (du diable) ; elle affiche même complet !

Chauffe-salle de luxe, Silver Dust est le premier à investir la scène. Bien sûr, les Suisses ne jouissent pas (encore) de la même notoriété que leurs compagnons de tournée mais forts d’un metal à la fois technique et victorien, lourd et sophistiqué, riche d’une identité extrêmement recherchée, ils ont le potentiel pour aller (très) loin. Les trois offrandes qu’ils ont dans leur besace ont été remarquées et nul doute que leur performance de ce soir, pourtant amputée d’une partie de ses artifices (des acteurs les épaulent parfois sur scène), leur aura permis de répandre encore davantage le nom de Silver Dust.


Avec ses trente ans de carrière au compteur, Rotting Christ est rompu à l’exercice scénique, machine de guerre qui jamais ne s’enraille, malgré la jeunesse du bassiste et du second guitariste qui appuient les deux inoxydables frères Tolis. Collé à sa six-cordes, Sakis est le pope diabolique dont l’assurance tranquille du musicien chevronné qu’il est désormais, ne lime en rien la force acérée du jeu. Le son du groupe doit aussi beaucoup à la frappe pulsative de Themis, qui imprime une énergie tellurique notamment lors de l’énorme ‘Apage Satan‘, véritable rituel tripant durant lequel sont convoquées les unholy forces of evil. S’il est permis de regretter que la finesse mélodique dont les Grecs sont capables ait été quelque peu sacrifiée sur l’autel d’une puissante agressivité, force est de reconnaître l’ébouriffante efficacité d’un concert placé sous le signe d’une lourdeur acérée.

Mené par un Fernando Ribeiro théâtral et habité dont la voix profonde procure des frissons, Moonspell délivre une prestation digne d’éloges, sombre et pesamment liturgique, que lancent quatre extraits de 1755, son dernier album en date, basé sur le tremblement de terre qui ravagea Lisbonne. Mais c’est en puisant dans les profondeurs de leur catalogue que les Lusitaniens enflamment une audience venue surtout pour eux. « Irreligious » dont sont cueillis les Opium, Awake, Mephisto ou Full Moon Madness toujours aussi efficaces et « Wolfheart » (ah ce Vampiria ténébreux à souhait !) distribuent les meilleurs moments d’un concert mémorable que drape tel un suaire taché de sang l’univers crépusculaire des musiciens. 


Pour Moonspell, cette date burgienne revêt un caractère bien particulier car Bourg-en-Bresse abrite l’antre du label Adipocere, qui publia en 1994 son premier EP, « Under The Moonspell ». Les Portugais n’ont jamais oublié Christian Bivel son fondateur, qu’ils ont en toute logique fait ovationner, l’invitant sur scène pour une belle accolade, avant de lancer ‘Alma Matter’. L’intéressé se jettera ensuite dans le public pour une séance de slam : quelle santé !

Au vu de la réussite de cette soirée, on ne peut que souhaiter que d’autres concerts de cet acabit se tiennent à Bourg. La salle est belle et le public est là. Qu’attendent les organisateurs ?

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