Gangster considéré comme l'homme le plus violent d'Ecosse, Jimmy Boyle a semé la terreur dans le Glasgow des années 60. Il est arrêté en 1967 et incarcéré dans une prison où il subira de multiples violences pour finalement participer en 1973 à un programme novateur de réinsertion. Il en tirera une autobiographie intitulée A Sense Of Freedom (un très beau titre plein d'ironie) que John MacKenzie adapte dans la foulée de Racket (1980).
A l'exception de la dernière scène, le film ne s'attarde pas sur son passage dans la prison de Barlinnie mais dépeint tout d'abord la vie de Boyle avant son incarcération puis nous le montre enfermé dans sa cellule, subissant brutalité et isolement. Dans le sillage des travaux d'Alan Clarke (Scum), A Sense Of Freedom nous rappelle que MacKenzie a pris toute sa part au renouveau du polar anglais des années 70 (Mort d'un prof). Dans un style sec et réaliste quasi documentaire, il brosse le portrait de ce gangster qu'il décrit avec beaucoup de sobriété et de retenue. Ainsi, le réalisateur choisit de montrer davantage la violence que subit son personnage, roué de coups dans la rue par une bande rivale, tabassé par des mâtons puis par des prisonniers une fois derrière les barreaux, plutôt que celle qu'il répand.
Quelques plans dans des pubs enfumés sur des regards terrorisés suffisent néanmoins à témoigner de la crainte sinon l'effroi que Boyle suscite dans un Glasgow sinistre et humide. Mû par ce souci de l'authenticité propre au cinéma britannique, MacKenzie pose sa caméra dans une réalité sordide, recrutant la faune locale dont l'accent ne saurait tromper quant à son origine. Tous les acteurs, professionnels ou pas, sonnent juste. On sent réellement vivre ces rues aux pavés mouillés, ces bars pleins de gueules couperosées par la bière.
Reste que cette biographie est puissamment portée par la performance glaçante de David Hayman, acteur et metteur en scène pour le grand écran comme pour la télévision ou le théâtre trop peu connu qui incarne son personnage avec une telle véracité, une telle profondeur qu'il donne l'impression d'être le véritable Jimmy Boyle. Dans la seconde partie du film, circonscrite aux murs d'une prison vétuste, il impressionne par l'intensité de son jeu, justifiant l'excellente réputation de A Sense Of Freedom parmi les meilleurs films traitant de l'univers carcéral. L'image qui le montre assis à demi nu, son corps et sa geôle barbouillés de ses excréments, ne peut que laisser de durables stigmates dans la mémoire.
Sans faire de lui un héros sympathique (ce qu'il n'est pas), le film le rend toutefois attachant lorsqu'il maintient l'ordre à Glasgow face à d'autres crapules ou quand il affronte la brutalité d'une prison inhumaine. Il en résulte une œuvre d'une froide âpreté, non moins forte que Racket et assurément plus réaliste. (vu le 25.07.2021) ⍖⍖
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