CinéZone | Clint Eastwood - L'échange (2008)


L'échange est au départ un projet du médiocre Ron Howard ; finalement, Eastwood le récupère, Howard restant néanmoins producteur. On voit bien ce qui a intéressé Clint dans cette histoire. Etant lui-même né en 1930, l'époque lui est familière, qu'il fait revivre avec minutie, tandis que le combat obsessionnel de cette femme de tête, individualiste de surcroît, tend un pont évident avec d'autres personnages qu'il a mis en scène et/ou joués. De même, le thème de l'enfance volée est récurent dans son oeuvre, de L'inspecteur Harry à Un monde parfait, sans oublier bien entendu Mystic River, dont L'échange est un peu le versant féminin, les deux films nouant de nombreux liens, notamment au niveau de leur plastique visuelle en clair-obscur où les images semblent constamment déchirées entre ombre et lumière. Enfin, la  critique d'une institution (ici la police de Los Angeles), dont les résonances contemporaines sont claires, n'est pas pour déplaire au réalisateur, quand bien même celui-ci n'a jamais été un artiste "engagé". En définitive, sans être un de ses films les plus personnels, L'échange porte sa signature. Incontestablement. On a pu lui reprocher d'avoir livrer une oeuvre austère, trop longue, vierge d'émotions et au classicisme exacerbé. C'est bien mal juger ce métrage admirable et d'une belle épure, à la mise en scène au cordeau (chaque plan est finement ciselé dans la pure tradition d'un John Ford). Reconnaissons-lui cependant une froideur glaçante, notamment lors des scènes dans l'asile ou celles de l'exécution du meurtrier. 

En outre, ses multiples visages (L'échange est à la fois un drame, un film de procès, une énigme policière, une bande parfois horrifique et une plongée dans le monde des asiles psychiatriques) ne nuisent jamais à une cohésion parfaite et équilibré, témoin de la maîtrise de l'acteur qui conduit son film avec précision et fluidité. L'autre grand mérite de l'Américain est d'être parvenu à effacer l'aura de star d'une Angelina Jolie impeccable. Ainsi, passé les premières minutes, on oublie rapidement que Christine Collins est campée par l'une des comédiennes les plus populaires du moment, tant celle-ci s'est investie dans cette figure qui s'impose déjà comme son plus beau rôle à l'écran. A ses côtés, nous retrouvons John Malkovich que le réalisateur, après lui avoir donné la réplique dans Dans la ligne de mire (1993), souhaitait depuis longtemps diriger. Malgré sa réussite, le film sera honteusement ignoré au festival de Cannes, Eastwood devant se consoler d'un maladroit prix spécial que le réalisateur, avec un panache certain, n'ira d'ailleurs pas chercher. A  noter enfin, qu'il s'agit de l'un de ses rares opus a ne pas être sorti dans le giron de la Warner Bros, Clint retrouvant pour l'occasion les studio Universal avec lesquels il avait cessé de collaborer après La sanction en 1975. (26.03.2017) ⍖⍖⍖



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