KröniK | Megadeth - Countdown To Extinction (1992)


Enfin armé d’un line-up stable – comprendre que le groupe est arrivé à aligner deux fois de suite les même musiciens, ce qui, pour MegaDave, relève de l’exploit -, Megadeth a dû faire face à un sacré défi : donner un successeur à Rust In Peace, à ce jour son meilleur album et probablement l’une, sinon la pierre angulaire du Thrash Metal. Mais Dave Mustaine, en dépit des nombreux défauts dont beaucoup l’affublent, à commencer par les mecs de Slayer, est intelligent ; il sait que mettre en route la photocopieuse ne sert à rien. C’est pourquoi Countdown To Extinction, bien que creusant un sillon similaire à son (de toute façon) inégalable prédécesseur, s’en éloigne subtilement. Sans doute attiré par les sirènes du succès, ce qui est bien compréhensible quand on s’est fait viré un jour de Metallica (c’est le cas du rouquin) ; qu’on a donc une revanche à prendre sur ses anciens acolytes, surtout quand ceux-ci viennent alors d’exploser auprès du grand public, le groupe a de fait décidé de ralentir le rythme de travail de l’usine à riffs, même si les brûlots speed metal répondent toujours présent («Skin O’My Teeth »), « Architecture Of Aggression » et surtout le sublime « Sweating Bullets », ainsi que le monumental et définitif « Ashes In Your Mouth », sur lequel se déchaîne derrière ses fûts un Nick Menza impérial).


Néanmoins, l’impression que Megadeth fait un pas vers une audience plus large que celle qui lui était jusqu’alors dévolue, s’avère incontestable. La furie dévastatrice de Rust In Peace semble avoir été muselée au profit d’une musique plus policée, plus propre. La preuve, certains titres, véritables hit en puissance, ont carrément le potentiel pour passer à la radio. Citons les imparables « Symphony Of Destruction » (bigrement efficace toutefois), « Foreclosure Of A Dream » et l’entêtant « Countdown To Extinction ». Cette orientation davantage commerciale n’est, en soi, nullement condamnable. Ce qui l’est plus, est la présence de morceaux moins convaincants qui ne risquent pas de laisser un souvenir impérissable, notamment les anodins « This Was My Life », « Psychotron », que rehaussent cependant quelques riffs bien saignants et « Captive Honour ». Ils polluent ce cinquième opus et l’empêche de se hisser au niveau de son aîné de deux ans. Mais il recèle suffisamment de pépites pour s’imposer comme une des œuvres majeures de Megadeth. Il ouvre enfin, par son caractère plus accessible, un nouveau chapitre dans la carrière des Américains car son succès confortera Dave Mustaine dans sa décision de s’extraire du carcan, aussi respectable soit-il, du pur Thrash Metal. Ce faisant, les successeurs de Countdown To Extinction seront, et on ne peut que le déplorer cette fois-ci, de plus en plus mous du zizi en même temps que leur qualité ira en diminuant. (11.09.2007) ⍖⍖⍖

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