CinéZone | Blake Edwards - Opération clandestine (1972)


Un thriller médical adapté de Michael Crichton (Mondwest), réunissant James Coburn et la sublime Jennifer O'Neill sous la houlette de Blake Edwards, qui plus est tourné au début des années 70, notre décennie préférée en terme de création cinématographique (mais pas que), c'est peu dire que Opération clandestine augurait d'une jouissive réussite. La déception n'en est donc que plus grande car, autant l'annoncer d'emblée, ce film ne se montre jamais à la hauteur de ses promesses. A la décharge du réalisateur et des scénaristes, la M.G.M. ne s'est pas gêné pour le charcuter, poussant Edwards, déjà échaudé par l'expérience de Deux hommes dans l'ouest (1971), excellent western au demeurant mais lui aussi remonté par le studio contre sa volonté, à migrer en Europe où il emballera Top secret (1973). Malgré tout, on attendait plus excitant de la rencontre entre l'auteur de la Panthère rose et Notre homme Flint. Justifier son échec par le fait que Blake Edwards s'aventure sur un terrain qu'il maitrise peu c'est oublier que le polar lui inspira dix ans auparavant Allô brigade spéciale, une de ses réalisations les plus abouties. 

Il est vrai toutefois qu'il se révèle cette fois-ci bien incapable de tirer tout le jus d'une banale enquête policière où la question sensible de l'avortement clandestin se réduit à un simple prétexte alors que dans cette Amérique d'une jeunesse sexuellement libérée, peinte d'ailleurs avec une crudité étonnante pour Hollywood (on y parle de masturbation, de règles, de virginité envolée à 15 ans !), il y avait moyen de remuer ce sujet de manière moins évasive. La première demi-heure est ennuyeuse, centrée sur la romance entre les deux acteurs principaux, l'intrigue mollement conduite, loin de la tension inquiétante que Michael Crichton saura lui-même insuffler à Morts suspectes (1978) avec lequel Opération clandestine partage quelques similitudes. Reste James Coburn qui campe avec sa séduction cool et sa nonchalance coutumière ce docteur auquel on ne croit pas un seul instant. Reste aussi le charme du polar américain des années 70, la photo de Frank Stanley (Magnum Force), la bande-son de Roy Budd et l'impression que le film hésite entre ce que Blake Edwards voulait en faire, une sorte de déconstruction du genre teintée d'ironie et ce en quoi le studio a décidé de le transformer, thriller bancal et inachevé dont on a l'impression qu'il s'agit finalement plus d'une œuvre de commande que d'un travail personnel... Agréable à tout le moins. (26.05.2022) ⍖⍖




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