Joe d'Amato derrière la caméra et Claudio Fragasso au scénario, voilà une association qui fait peur, même si le premier nous a délicieusement fait gerber avec Antropophagus ou réchauffé l'entre-jambe avec ses Emanuelle ou Porno Holocaust et le second, titillé (malgré lui) les zygomatiques avec Virus cannibale (signé Bruno Mattei) ou Zombie 4. Pourtant, 11 jours, 11 nuits, le fruit de leur union loin d'être contre-nature entre artisans du bis (voire du Z) transalpin, a connu un succès surprenant au point de compter parmi les films les plus rentables du réalisateur de 2020 Texas Gladiators, appelant plusieurs suites dont les nombreux titres alternatifs (Top Model, 11 jours, 11 nuits 2) tend à les confondre. Jamais à court d'imagination quand il s'agit de recycler ce qui marche dans les salles américaines, D'Amato en vieux briscard - et vicelard - de la bobine s'empare du 9 semaines et de demi de Adrian Lyne dont l'érotisme chic (ou non) n'est pas pour lui déplaire. Le sexe exotique (Viol sous les tropiques) ou crapoteux (Blue Holocaust) tâchent depuis longtemps sa production tandis que les années 80 le voit alors s'enfoncer de plus en plus dans le cul d'abord soft (L'alcôve) puis franchement hard à partir de la décennie suivante qu'il ne remplit quasiment qu'avec du porno et du Rocco Siffredi.
Malgré l'ombre furtive d'un sexe en érection et des testicules baladeuses qui le sont tout autant, Undici Giorni, Undici Notti exsude un érotisme raffiné qui ne l'exonère toutefois pas de la perversité coutumière du metteur en scène qui épluche un vaste catalogue sexuel (coït en public, masochisme, travestissement, triolisme cependant avortée). C'est le seul intérêt de ce film dans lequel Jessica Moore trouve le plus bel - et rare - écrin à sa sensualité gourmande et aguicheuse. Chaque scène sert de prétexte à la dévêtir du peu qu'elle porte sous une robe ou sous une veste. N'ayant pas encore abdiqué toute velléités formelles, D'Amato filme ses ébats sous tous les angles, en contre-plongée, caressant le vît de son compagnon sous le tissu de son pantalon... Mais étonnamment incapable de presser du cadre fourni par le Nouvelle-Orléans tout son jus poisseux, l'Italien se fend en définitive d'une morne pellicule dont les comédiens au jeu trop limité peinent à épaissir les personnages écrits avec des moufles. Grâce à la nudité généreuse de Jessica Moore, charnelle à défaut d'être convaincante, associée au savoir-faire de Joe d'Amato, 11 jours, 11 nuits s’effeuille cependant sans déplaisir. (18.05.2022) ⍖⍖
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